SYNTHESE DE LA PREMIERE PARTIE

D'un point de vue éducatif, l'adolescence est considérée comme une phase d'autonomisation. Sur le plan social, l'adolescent négocie une nouvelle forme de lien avec sa famille en vue de développer ses relations avec ses pairs. Il tâtonne car il doute de lui et des autres. Les normes éducatives actuelles lui accordent un espace de progression important. Mais l'absence ou le manque de repères risque de le laisser livré à lui-même dans cette exploration. Ou bien, une impossibilité de prendre de la distance par rapport à ses proches est susceptible de le pousser à se mettre en danger pour s'affirmer. Ce sont alors ses relations familiales et sociales qui se détériorent. L'estime qu'il a pour lui même baisse.

Si ces difficultés croissent au point de compromettre son développement, un dispositif d'aide est organisé. L'accueil résidentiel autorise une séparation entre l'adolescent et les autres membres de sa famille. Cet aménagement permet à chacun de faire l'expérience de nouveaux modes relationnels en favorisant l'émergence d'aptitudes non exploitées jusqu'alors. L'équipe éducative supplée la famille. Sauf en cas d'adoption ou d'incapacité majeure des parents, il n'est pas question de substitution. Le partenariat entre les éducateurs et les proches de l'adolescent constitue un des facteurs du retour de celui-ci, dans de bonnes conditions, dans son milieu de vie habituel.

La notion de pouvoir d'agir complète celle de suppléance. Il est, en effet, alors question d'organiser les conditions sur lesquelles la famille s'appuie pour atteindre les objectifs qu'elle estime importants, l'amélioration de ses relations avec l'adolescent vivant temporairement en accueil résidentiel, en l'occurence. Les membres de l'institution favorisent, lors des différentes interventions, une réelle participation de toutes les personnes concernées. Cette dynamique valorise l'estime que celles-ci ont pour elles-mêmes et constitue l'opportunité qu'elles renforcent ou développent diverses compétences, d'une part, et le lien entre elles, d'autre part.

Tout processus décisionnel représente un moment opportun pour permettre, aux parents d'exercer leur autorité et, à l'adolescent, de faire l'apprentissage de l'engagement et de la responsabilité. La négociation prend alors le pas sur les rapports violents ou la fuite qui ont motivé la mise en oeuvre du dispositif de suppléance familiale. L'échange des points de vue autorise l'analyse de la situation sous un angle nouveau. Dans ces conditions, chaque décision participe au développement d'un pouvoir d'agir, par les personnes qui y prennent part.

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