L'action éducative organisée dans un accueil résidentiel est susceptible d'initier et de développer, chez l'adolescent et ses proches, ses parents en particulier, une sensibilisation à la dimension sociopolitique de leur situation. Mais ce sont essentiellement les dimensions individuelle et familiale de celle-ci qui sont susceptibles d'être affectées par le dispositif de suppléance familiale. En effet, les conditions pouvant être mises en oeuvre pour que l'adolescent et ses parents exercent un pouvoir d'agir sont limitées à l'institution et à son environnement proche.
Cette façon d'envisager le pouvoir d'agir est proche de celle retenue par John Lord 378 pour étudier l'intégration de personnes en situation de handicap. Il relève que si certains participants à cette recherche ont acquis le sentiment d'exercer un contrôle sur leur vie quotidienne, seule une petite minorité a eu une influence véritable sur le monde extérieur. Ce constat nous incite à envisager le processus de pouvoir d'agir selon la perspective personnelle et à l'organiser en considérant les dimensions collective et familiale.
Un adolescent en situation de difficulté, qui s'appuie sur un dispositif d'accueil résidentiel, vit, la plupart du temps, dans le cadre d'un groupe. Nous parlons de dimension collective du pouvoir d'agir pour présenter le processus développé, lors des moments de vie commune, par les personnes liées à ce groupe : l'adolescent, ses pairs et l'équipe éducative. Une telle dynamique est primordiale en vue de l'amélioration, par chaque adolescent, de son estime et de ses compétences sociales. Comme le dit Maurice Cusson, ‘"si on veut que le délinquant réintègre pleinement la société, qu'il s'y sente impliqué et engagé, il doit avoir l'occasion de participer aux décisions, ce qui suppose qu'on lui reconnaisse un certain pouvoir"’ 379 .
D'autres temps ne concernent pas le groupe de pairs mais sont susceptibles de permettre l'engagement de l'adolescent et de membres de sa famille. Les interventions liées à ces temps constituent donc des opportunités pour que ceux-ci développent un processus de pouvoir d'agir.
Bien que nous distinguions ces deux types de moments, ceux-ci ne sont pas indépendants puisque l'adolescent et l'équipe éducative participent à chacun d'eux.

Les dimensions collective et familiale, du pouvoir d'agir, envisagés dans le cadre d'un accueil résidentiel, sont donc articulées.

Les membres de l'équipe éducative sont des facilitateurs de l'exercice du pouvoir d'agir au sein du groupe d'adolescents accueillis dans l'institution, d'une part, de la famille, d'autre part. Une telle dynamique est de nature synergique. Chaque protagoniste peut exercer un pouvoir d'agir. Le développement de ce processus par une des personnes concernées favorise son développement par les autres.
Mais, en plus des deux types de moments évoqués plus haut, l'institution possède un lieu susceptible de favoriser l'exercice d'un pouvoir d'agir collectif par les membres de la famille : le conseil d'établissement.
LORD, J. (1991). op. cit. p. 79.
CUSSON, M. (1974). op. cit. p. 121.