2.3 LE CAS DE LOUISE, ACCUEILLIE A LA CORDEE

Louise a changé de lieu d'accueil au cours de ce recueil de données. Elle a fait partie du groupe "Eole" jusqu'en octobre 1998, puis a rejoint l'appartement du "Cairn".

Si l'adolescente s'est appuyée, tout au long de l'année, sur le dispositif de suppléance familiale, ce n'est pas le cas des membres de sa famille. Le père n'est venu qu'une seule fois, lors de l'audience de janvier 1999, à Chambéry, au tribunal, rencontrer sa fille et quelques membres de l'équipe éducative. Louise a directement négocié l'organisation de ses périodes de vacances avec ses proches et a informé ses référents des choix retenus. L'assistante sociale, qui a exercé la mesure d'AEMO jusqu'en janvier 1999, n'est pas intervenue.

Le tableau suivant, regroupant les résultats du sixième traitement des quatre organisation de vacances 461 , indique ce qu'il en est à propos de l'exercice d'un pouvoir d'agir, par Louise, ses parents et les membres de l'équipe éducative.

  Pâques 98 Eté 98 Noël 98 Pâques 99
Adoles-cente : exercice d'un pouvoir de persua-sion basé sur l'argumen-tation - sur l'ensemble de l'organisation :

OUI
(proposition d'organisation acceptée)

sur un aspect de l'organisation :

- sur l'ensemble de l'organisation :

OUI
(proposition d'organisation acceptée)

- sur un aspect de l'organisation :
- sur l'ensemble de l'organisation :

OUI
(proposition d'organisation acceptée)

- sur un aspect de l'organisation :
- sur l'ensemble de l'organisation :

OUI
(proposition d'organisation acceptée)

- sur un aspect de l'organisation :



Parents : exercice d'un pouvoir de décision basé sur l'argumen-tation
- sur l'ensemble de l'organisation :

- le père : NON
- la mère : OUI


- sur un aspect de l'organisation :

- le père : NON
(Il a décidé d'organiser un séjour de sa fille chez lui sans en discuter avec celle-ci)
- sur l'ensemble de l'organisation :

- le père : NON
- la mère : OUI


- sur un aspect de l'organisation :

- le père : NON
- sur l'ensemble de l'organisation :

- le père : NON
- la mère : OUI


- sur un aspect de l'organisation :

- le père : NON
- sur l'ensemble de l'organisation :

- le père : NON
- la mère : OUI


- sur un aspect de l'organisation :

- le père : NON





Membres de l'équipe éducative : mise en oeuvre des condi-tions favora-bles
- au niveau de l'adolescente :

OUI
(participation à l'élaboration)


- au niveau du père :

NON
(pas sollicité pour participer à l'élaboration)

- au niveau de la mère :

NON
(pas sollicitée pour participer à l'élaboration)
- au niveau de l'adolescente :

OUI
(participation à l'élaboration)


- au niveau du père :

NON
(pas sollicité pour participer à l'élaboration)

- au niveau de la mère :

OUI
(participation à l'élaboration)
- au niveau de l'adolescente :

OUI
(participation à l'élaboration)


- au niveau du père :

NON
(pas sollicité pour participer à l'élaboration)

- au niveau de la mère :

OUI
(participation à l'élaboration)
- au niveau de l'adolescente :

OUI
(participation à l'élaboration)


- au niveau du père :

NON
(pas sollicité pour participer à l'élaboration)

- au niveau de la mère :

NON
(pas sollicitée pour participer à l'élaboration)

Nous tentons de repérer si Louise, ses parents et les membres de l'équipe éducative ont développé un pouvoir d'agir.

L'adolescente a sans cesse fait preuve de sa compétence à négocier avec tous les membres de sa famille, hormis son père. Elle négociait directement avec eux et informait les membres de l'équipe éducative des choix retenus. Son point de vue a toujours été approuvé par ses référents.

A deux reprises, elle a fait preuve d'un réel pouvoir de persuasion basé sur l'argumentation. Elle a été capable de se faire embaucher, pour le mois de juillet, par un patron qui, ayant connu plusieurs désillusions avec des "filles de foyer", n'envisageait pas retenir sa candidature. Elle a mis à profit une rencontre avec lui et sa femme pour les faire changer d'avis. Elle a également convaincu sa mère de l'accueillir pendant les vacances de Noël : dans cette perspective, elle lui a écrit, puis elle a suspendu ses relations avec elle pendant quelques temps avant de susciter une discussion à l'issue de laquelle sa mère a changé d'avis, l'autorisant à passer Noël en famille.

Louise, qui s'est toujours appuyée sur les membres de l'équipe éducative, n'a toutefois pas su négocier avec son père les conditions de son séjour, avant de se rendre chez lui au cours des vacances de Pâques 1998 et elle ne l'a pas revu par la suite.

Au-delà de cet échec, Louise a montré sa compétence à négocier, exerçant pleinement son pouvoir de persuasion basé sur l'argumentation et développant un pouvoir d'agir.

Si sa mère a su, malgré ses difficultés personnelles, négocier avec elle, le père n'a exercé un pouvoir de décision qu'à l'occasion des vacances de Pâques 1998. Cependant, ne reposant pas sur l'argumentation, l'exercice de ce pouvoir a accentué la détérioration de sa relation avec sa fille et sa propre famille. Le père, complètement absent de l'élaboration, de la mise en oeuvre et de l'évaluation des décisions concernant l'organisation des vacances suivantes, n'a donc pas développé de pouvoir d'agir. La mère, sollicitée seulement à deux reprises par l'équipe éducative, a toutefois participé aux rencontres et négocié directement avec sa fille pour élaborer les autres décisions : elle a donc développé un pouvoir d'agir.

Si les éducateurs ont favorisé, au cours d'entretiens hebdomadaires, la réflexion de Louise, leur rôle à l'égard des parents, a été cependant beaucoup plus limité. Ils n'ont pas sollicité le père pour qu'il prenne part à l'élaboration et à la détermination des décisions et n'ont proposé à la mère de participer qu'à deux reprises. Ils ont laissé l'adolescente négocier directement avec les membres de sa famille, ce qui l'a autorisée à s'organiser selon son désir. De plus, l'équipe éducative n'a pas exercé son pouvoir de contrôle à propos de l'organisation du séjour de Louise chez son père.

L'éducatrice spécialisée assurant l'AEMO n'a pas pris part aux décisions. Elle a centré sa mission sur le petit frère et la petite soeur, résidant chez la mère, et n'a pas cherché à entretenir une relation avec Louise qui s'est, dès son accueil au sein de l'institution, fortement appuyée sur cette équipe. Elle n'a rencontré qu'une seule fois l'adolescente à la Cordée et a participé à deux "bilans cliniques". Mais elle a profité des rencontres avec la mère pour parler des relations de celle-ci avec sa fille.

Ainsi, l'adolescente et sa mère ont développé un pouvoir d'agir. Le père n'a pas profité de cette dynamique. Celui développé par les membres de l'équipe éducative s'est donc révélé limité.

Le tableau suivant met en évidence qu'aucune action susceptible de contribuer à l'exercice, par l'adolescente et ses parents, d'un pouvoir d'agir n'a été initiée par l'éducatrice spécialisée assurant la mesure d'AEMO.

Vacan-
ces
Elaboration
(sauf détermination)

Détermination
Accompa-gnement de la
mise en oeuvre

Evaluation



Pâques 98
- En entretien hebdomadaire, les éducateurs référents échangent avec Louise.



- En entretien hebdomadaire, les éducateurs référents font le bilan des vacances avec Louise.




Eté 98

- Dès janvier, les éducateurs référents assistent Louise dans l'organisation de son été.
 


- En partie, la Cordée (mois de juillet).
- Fin juillet,les éducateurs référents font le point avec Louise ;
- Discussion entre les éducateurs et Louise à la rentrée.

Noël 98
- Les éducateurs discutent à plusieurs reprises avec Louise. - Les éducateurs acceptent que Louise soit hébergée à la Cordée.
- En partie, la Cordée (hébergement).
- Les éducateurs reparlent des vacances avec Louise.

Pâques 99
- Les éducateurs discutent avec Louise à propos de ses vacances. - Les éducateurs acceptent que Louise soit hébergée à la Cordée.
- En partie, la Cordée (hébergement).
- Les éducateurs reparlent des vacances avec Louise.

Notes
461.

Les cinq premiers traitements sont présentés en annexe.