3.2.2 La non-participation de l'intervenant assurant la "double mesure"

Dans les sites 1 (François) et 3 (Louise), l'intervenant chargé d'assuré la "double mesure" n'a pas participé aux décisions, laissant l'équipe de l'institution les gérer.

Au Relais Familial, François a eu principalement affaire à son éducateur référent pour élaborer les décisions. Le directeur et la chef de service ont avalisé leurs propositions et les parents n'ont pas été invités à participer. En cours de vacances, lorsque le référent était absent, d'autres éducateurs et les membres de la direction sont intervenus dans l'accompagnement de la mise en oeuvre des choix. Les parents de François ont négocié directement avec leur fils le planning de leurs séjours communs. La mise en oeuvre des choix s'est déroulée de manière satisfaisante.

A la Cordée, Louise a également traité l'essentiel de l'organisation de ses vacances avec ses éducateurs référents. L'assistante sociale de l'institution a participé aux rencontres avec la mère. Les trois autres éducateurs de l'équipe d'"Eole" ne sont pas intervenus dans les processus décisionnels. A son départ, elle a été soutenue par deux éducateurs de l'appartement du "Cairn" qu'elle a rejoint. Son père n'a pris part à aucune élaboration des décisions et sa mère a seulement participé à deux d'entre elles. Toutes les autres négociations ont eu lieu en famille. Si la plupart d'entre elles se sont déroulées sans heurt, ouvrant sur des choix satisfaisant toutes les personnes concernées, il convient de rappeler que le séjour de Louise chez son père, pour lequel aucune durée n'avait été fixée, s'est révélé difficile pour l'adolescente et que depuis lors, ils ne se sont jamais revus.

Dans ces deux sites, seule la mère de Louise a été invitée à prendre part à deux élaborations de décision. Il n'a pas été proposé de participer aux trois autres parents, qui n'ont donc pas profité d'un accompagnement dans la problématisation de l'organisation des vacances de leur enfant.

L'absence de l'intervenant assurant la "double mesure" lors des décisions n'a pas permis d'envisager la situation sous un autre angle que celui privilégié par l'équipe de l'institution. De plus, l'organisation des vacances n'a pas donné lieu à de véritables échanges à l'intérieur des deux institutions. Au Relais Familial, comme à la Cordée, les référents ont géré seuls l'essentiel du processus. L'absence de divergence entre membres de l'équipe laisse supposer une sous-utilisation des phases d'analyse et de résolution : le point de vue présenté par le référent, lors d'une réunion d'équipe, n'a effectivement pas été remis en cause par les autres participants.

Le caractère de cohérence de l'organisation institutionnelle représente une condition nécessaire mais insuffisante pour que ce type d'intervention constitue un moment éducatif. Cela nécessite également son articulation avec la "double mesure". Ainsi, l'engagement de l'intervenant assurant une mesure d'AEMO ou une référence ASE est-elle susceptible d'autoriser l'émergence d'un point de vue plus proche des parents que de la collectivité. Il faut favoriser la mise en oeuvre des moyens appropriés pour les solliciter. Néanmoins, certaines formes de travail commun des deux composantes du dispositif, tel le lien direct entre elles, peuvent aussi contribuer à tenir les parents à l'écart.