3.2.4 Le manque d'intérêt pour la phase d'évaluation de la décision

Les membres de l'équipe éducative n'ont pas accordé autant d'importance à l'évaluation du processus décisionnel qu'à ses autres phases. Quels sont les conséquences d'une telle pratique ?

Les entretiens hebdomadaires avec ses éducateurs référents ont permis à Elsa de profiter a posteriori d'un temps de réflexion sur l'organisation des quatre périodes de vacances. En outre, une évaluation avec ses parents a complété ces échanges. Durant son séjour au groupe "Eole", Louise s'est appuyée sur de tels entretiens pour "repenser" ses congés, mais elle n'a plus disposé de ces temps de réflexion au sein de l'appartement du "Cairn". Les dernières périodes n'ont pas été évaluées et les parents n'ont pas été conviés à participer à cette phase du processus décisionnel.

François a fait le bilan avec son éducateur-référent des trois-quarts de ses organisations de vacances, ce qui a permis à l'équipe du Relais Familial de se reporter aux informations échangées lors du bilan de l'été afin d'organiser le suivi de l'adolescent dans le cadre de la mesure d'aide jeune majeur. Ses parents n'ont pas été sollicités par l'institution pour envisager les temps communs avec leur fils.

Thomas et sa mère ont évalué respectivement deux et trois des quatre périodes. Les frustrations vécues par l'équipe de la Providence, à propos des plannings réalisés par Thomas, sa mère et le référent EJF, ont fait l'objet d'une prise en compte au cours d'une rencontre entre intervenants.

Quant à Maurice, il a reconsidéré l'organisation de ses vacances de Noël, lors d'une rencontre programmée dès l'élaboration du choix.

Nous distinguons bien discussion et évaluation. Il est évident que les éducateurs ont profité de repas ou d'autres moments favorables à l'échange pour évoquer avec l'adolescent ce qu'il avait vécu au cours de ses vacances, mais sans tirer un profit identique à celui de temps organisés pour faire le point sur les phase précédentes du processus. Une évaluation efficace exige une programmation avant la mise en oeuvre du choix, comme l'illustre l'exemple de l'équipe de la Cordée, dans le cas d'Elsa. Les parents ont profité de la réunion institutionnelle de septembre pour mettre en relief la réussite des congés d'été avec leur fille, réussite confirmée par l'adolescente aux cours de la rencontre et des entretiens ultérieurs. Les week-ends suivants et les vacances d'automne ont été conçus sur cette base. La phase d'évaluation a clairement mis en évidence les compétences révélées au cours de l'été par l'adolescente et ses parents.

On le voit, la configuration de la dernière phase du processus varie d'un site à un autre, voire d'une décision à une autre. L'évaluation a été partagée par l'adolescent et quelques membres de l'équipe de l'institution. C'est le cas de François et Louise. Dans celui d'Elsa, les parents ont également participé, comme l'intervenant assurant la "double mesure". Le référent EJF a collaboré tant avec la mère qu'avec l'équipe de la Providence, pour Thomas, et avec l'éducateur de l'institution pour Maurice.

Cependant, l'absence de réalisation des conditions favorables à la participation de certains parents à cette phase du processus décisionnel ne leur a pas permis de tirer profit de leur engagement lors de l'élaboration du choix et de l'accompagnement de sa mise en oeuvre. De fait, leur participation aux décisions suivantes ne s'en trouve pas favorisé, alors qu'une collaboration à l'évaluation aurait pu leur permettre de prendre conscience de la qualité de leur engagement auprès de leur enfant et les inciter à tirer un plus grand profit des décisions à venir.