4.2 L'INTERET DE LA REFERENCE AU POUVOIR D'AGIR

Si les adolescents accueillis dans l'institution disposent de temps collectifs pour l'organisation de la vie de groupe, des réunions hebdomadaires avec les éducateurs par exemple, les parents ne peuvent s'appuyer que sur le conseil d'établissement pour s'exprimer collectivement. Nous avons préalablement noté les difficultés rencontrées par les équipes éducatives pour les mobiliser et permettre l'élection de leurs représentants. La démarche suivie a consisté à les informer par courrier de la création du conseil d'établissement, et à les inviter à participer à une première réunion "élective", mais le taux de réponse est demeuré très faible. Jusqu'alors, les parents étaient conviés dans l'institution, une ou plusieurs fois dans l'année, pour faire le point sur la situation de leur enfant. Ils s'entretenaient avec la direction, l'éducateur référent et, éventuellement, d'autres membres de l'équipe.

La participation au conseil d'établissement présente le risque de la rencontre avec d'autres parents ainsi que des représentants de l'association et du personnel. Elle requiert la capacité à s'exprimer pour faire part de son point de vue à des interlocuteurs habitués à prendre la parole en groupe et à évoquer des thèmes inhabituels. Les parents redoutent de ne pas être à la hauteur, sans le soutien de l'équipe éducative. Pour les éducateurs, il s'agit en somme de faire émerger et expliciter des préoccupations individuelles par les adolescents et leurs parents et de les soumettre aux autres participants afin qu'ils se situent par rapport à elles. Cette démarche requiert une attention particulière de leur part. Ainsi, entre deux conseils d'établissement organisés à la Cordée, le représentant des parents avait reçu un appel téléphonique d'une grand-mère abordant la question des visites à sa petite-fille, dans l'institution. D'où, l'idée d'aménager un lieu permettant des rencontres suffisamment intimes. Or, cette suggestion a été négligée au lieu d'être soumise à d'autres parents susceptibles d'enrichir le débat.

La référence à la notion de pouvoir d'agir permet d'utiliser des repères peu usités dans le cadre des dispositifs de suppléance familiale en accueil résidentiel, à savoir l'entraide entre familles et la prise en compte par la collectivité d'une préoccupation personnelle.