3- Les machines à sous

a- Historique, définition et fonctionnement

Les premières machines à sous furent inventée par Charles Fay, en 1895 67 , un américain, 21ème enfant d'un sacristain bavarois, émigré depuis peu. Elles s'appellent les liberty bells (cloches de la liberté). Ces machines sont constituées de trois tambours avec des emblèmes (les cloches gagnantes avec des cartes à jouer, des étoiles, des fers à cheval). Elles peuvent faire gagner jusqu'à dix fois la mise initiale. Les liberty bells rencontrent immédiatement un succès foudroyant. Leur constructeur les place dans le hall des hôtels de San Francisco et prend 50% des bénéfices qu'elles génèrent. A cette époque, elles ne sont fabriquées qu'en petit nombre artisanalement.

En 1907, Henri Stephen Mills, un spécialistes des foires, lance leur construction en série. Elles deviennent les Slot machines. A l'époque, elles comportent trois rouleaux qui ont comme symboles des fruits, des cloches gravées ou imprimées sur des rouleaux.

Elles sont aussi connues sous le nom de "one armed bandit" (le bandit manchot), "‘Le levier de cet appareil est une main qui tient qui tient un revolver, le joueur doit prendre avec sa main ce revolver pour déclencher le mécanisme. Il matérialise ainsi avec une superbe inconscience le geste de ce robot voleur qui est en train de le dévaliser’" 68 . La définition traditionnelle est plutôt que c'est le joueur qui est en train de dévaliser une banque : la machine.

Avec le développement de Las Vegas dans les années 30, elles deviennent le symbole de l'Amérique joueuse. On en trouve dans toute la ville et les joueurs s'accrochent à leur manette dans l'espoir d'empocher le jackpot, c'est à dire le plus gros gain que la machine peut donner.

En 1999, Las Vegas compte 235 casinos. 30,6 millions de visiteurs ont laissé 37 milliards de francs dans les machines à sous principalement et autres jeux en 1998. Des hôtels-casinos comme "Le Venetian" ou "Le Paris" possèdent environ chacun 2500 machines à sous dans leurs murs. Leur succès n'est donc plus à prouver 69 .

En France, en 1909, une circulaire les taxe de 10 Frs par an. Sous le front populaire, elles sont totalement interdites. Mais après la guerre, elles refont leur apparition dans les bars avec des jetons pour mise. Gaston Deferre les interdit à nouveau en 1983 à cause de leurs liens supposés avec la Mafia. Leur légalisation est acquise en 1987 mais leur exploitation, désormais réservée aux casinos, commence en 1988 et constitue le point de départ de la transformation radicale das casinos après cette date.

Les machines à sous que l'on trouve en France, et qui sont homologuées par la loi, sont des appareils automatiques de jeux de hasard entrant dans les catégorie dites "machines à rouleaux" et "jeux vidéo". Ils permettent, après introduction d'une pièce de monnaie ou d'un jeton, la mise en oeuvre d'un mécanisme entraînant l'affichage d'une combinaison aléatoire de symboles figuratifs. Elles ressemblent, selon J-P Martignoni-Hutin, "‘tout à la fois à un juke box, à un flipper, à un réfrigérateur ou encore à un distributeur automatique. Elle(s) possède(nt) les boutons du premier, les couleurs criardes et les clignotements du deuxième, la stature du troisième et l'apparence vitrée du dernier’" 70 .

En France, il n'existe donc que deux types de machines à sous : celles qui comportent des symboles et les video-pokers. Les premières se présentent sous la forme suivante : quand le joueur appuie sur un bouton, des rouleaux se mettent en marche puis s'arrêtent sur une combinaison. Toutes les combinaisons gagnantes sont inscrites sur la machine ainsi que les gains qui leur correspondent (trois 7 = 1000 Frs par exemple ou trois cerises = 50 Frs...). Si les rouleaux de la machine s'arrêtent sur l'une d'entre elles, le joueur a gagné la somme marquée. On joue avec les deuxièmes comme au poker sur table mais c'est la machine qui distribue les cartes et simule l'adversaire. Le but étant là encore de réussir à former avec les cartes une combinaison gagnante du poker traditionnel.

Les machines à sous peuvent avoir différentes dénominations qui désignent le montant initial à introduire : machines à 2 Frs, 5 Frs, etc. Cela signifie que la mise initiale est variable et le nombre de pièces de cette même dénomination que l'on peut miser par coup l'est aussi ; en France les mises vont de 1 à 100Frs et on peut jouer de une à trois pièces ou de une à dix pièces, etc. selon la machine. Les gains, qui varient en fonction du nombre de pièces jouées, sont inscrits sur la machine. Il est évident que plus on mise de pièces plus le gain est élevé lorsqu'une combinaison gagnante apparaît. Le but ultime du jeu est de décrocher le jackpot, c'est à dire la combinaison qui rapporte le plus (par exemple quatre lions verts au casino de Charbonnières-les-Bains pour une mise de 3 pièces de 5 Frs soit 15 Frs rapportent à ce jour environ 2 millions de francs, ou avec les vidéo-pokers une quinte flush royale à trèfle rapporte, pour une mise de 5 pièces de 5Frs, environ 60 000 Frs et d'avantage si les machines sont en en "progressif" : le jackpot progressif s'obtient en jouant sur une machine qui est en réseau avec d'autres pour un seul gros lot commun. Les montants varient suivant le temps pendant lequel le jackpot "reste à l'affiche". Plus il reste longtemps affiché sans gagnant et, plus il est important. Les machines à symboles ne nécessitent aucune connaissance particulière ; "‘il est si simple dans son fonctionnement qu'un enfant de 5 ans apprendrait à jouer en quelques minutes’" 71 , il suffit d'introduire la mise que l'on veut jouer, d'appuyer sur un bouton ou de tirer une manette, et d'attendre le résultat. Les vidéo-pokers quant à eux nécessitent un minimum de connaissances du poker, ce qui fait qu'ils sont souvent moins joués que les machines à rouleaux.

L'introduction de ces machines à sous dans les casinos français leur a été providentielle. Sans elles un bon nombre d'entre eux n'auraient pas pu survivre après les années 80, lorsque leur chiffre d'affaires ne cessait de diminuer (cf. infra, deuxième partie).

Notes
67.

- Lhôte Jean-Marie, Histoire des jeux de société , Flammarion, Paris, 1994.

68.

- Ibid. Défintion d'une machine à sous, 2ème partie de son encyclopédie.

69.

- Capital, n° 97, octobre 1999. Dossier spécial "Le boom de l'industrie des jeux".

70.

- Martignoni-Hutin Jean-Pierre,, Faites vos jeux , Collection "logiques sociales", l'Harmattan, 1993, p. 147.

71.

- Ibid, p. 150.