b- Un outil du développement touristique

Le casino est aussi un atout touristique supplémentaire pour la commune. Beaucoup de personnes passent par Charbonnières-les-Bains pour voir le Lyon Vert qui est le premier casino de France au classement par produit brut des jeux devant Divonnes-les-Bains. Les casinos éloignés des zones urbaines, comme celui de Santenay en Bourgogne, participent activement à la présence de touristes dans la commune. Ils sont attirés par les distractions que représente un casino dans un environnement où la vie nocturne est peu développée. Cette présence est aussi bénéfique à toute l'infrastructure touristique (hôtels, restaurants...) car elle draine une population supplémentaire qui vient jouer au casino mais utilise en même temps les commodités de la ville. L'intégration du casino se fait comme une activité supplémentaire et complémentaire à celles existants déjà. Les personnes visitant la Bourgogne qui est une région viticole peuvent faire un détour par le casino qui est une attraction de plus dans la région pour passer un moment dans la journée où en soirée. Ce positionnement du casino est fondamental dans la perception du paysage des communes. Le casino n'est pas un élément isolé (comme cela arrive parfois aux États-Unis, par exemple avec Foxwoods dans le Connecticut), il est intégré dans une politique touristique au même titre que les autres activités. "‘Ils créent une attraction locale permanente’" 317 . Le casino de Saint Galmier a décidé de rénover sa salle des machines à sous et de la transformer sur le thème de "Autant en emporte le vent" dans un style victorien. Ce casino de campagne apporte un atout important à la commune de Saint Galmier très fréquentée par les touristes qui viennent visiter ce village pittoresque où l'eau de Badoit prend sa source. L'architecture de ses bâtiment, s'intègre parfaitement au village et la distraction que le casino apporte, à travers les jeux mais aussi les manifestations et spectacles qu'il organise, participe activement à l'animation de la commune 318 .

Les casinos sont souvent à l'origine de manifestations qui se déroulent dans la commune soit en tant qu'initiateur soit en tant que participant financier. Le festival du film américain de Deauville est cofinancé par le groupe Barrière et la municipalité, le festival de musique de chambre de Divonnes est subventionné par le casino, etc. Le casino de la ville d'Aix en Provence a participé pour un montant de 6,7 MF aux différentes activités culturelles et touristiques de la ville. Le budget de communication du casino bénéficie aussi dans ce cas aux manifestations culturelles qui auront des retombées non seulement sur l'image et la notoriété de la commune mais aussi sur sa fréquentation. L'activité culturelle qui est un élément fondamental qui lie la commune et le casino et dont on trouve souvent la description dans le cahier des charges reste quand même plus ou moins développée selon les casinos. Par exemple pour le casino de Beaulieu, "‘le culturel reste très important pour nous, déclare Otto Jung, directeur du casino de Beaulieu. Nous souhaitons créer une ambiance, pas uniquement liée au jeu, mais dans laquelle intervient également une notion culturelle’" 319 . La qualité des spectacles varie aussi selon les casinos et le public qu'ils veulent cibler. Certains artistes ou montages de spectacles sont trop chers pour des petits casinos. Le casino de Montrond-les-Bains consacre de 6 à 8 MF de son budget à l'animation. Elles prennent la forme de spectacles cabarets par exemple ou de colloques gastronomiques. Le casino a également en projet l'organisation d'une grande fête médiévale costumée. "‘Les activités annexes nous coûtent de l'argent, mais c'est notre vocation d'animer la vie culturelle de la commune et du département, déclare Paul Chanet, secrétaire général du casino de Montrond-les-Bains’ ‘ 320 ’ ‘. Il faut quand même souligner que les casinos bénéficient d'un abattement fiscal supplémentaire de 5% sur le produit brut des jeux avant taxation s'ils organisent des manifestations culturelles dite "de qualité’" 321 .

A travers les exemples que nous venons de développer, nous pouvons voir que le rôle des casinos dans la politique touristique des communes et même des régions où ils sont implantés, est loin d'être négligeable. Le but des casinos est de s'intégrer parmi les autres loisirs déjà proposés et de renforcer l'attrait touristique déjà existant. Le développement économique et social local ne doit pas reposer que sur l'activité du casino. C'est rarement la cas mais cela existe. Le casino de la ville de Divonnes-les-bains est la locomotive du développement local, ce qui pose des problèmes importants. En fait cette commune ne doit sa réputation qu'au succès de son casino qui est resté premier de France au classement par produit brut des jeux jusqu'en 1997. Le casino est le premier employeur de la ville (445 employés) et le premier contribuable (41,5 MF versée à la commune en 1995). ‘"Mais la médaille a son revers : des contraintes. Portée par l'image du casino, le ville doit tenir son rang. "Nous devons réaliser et entretenir des équipements surdimensionnés par rapport à la seule taille de notre ville" explique le maire, Etienne Blanc. D'où un centre-ville refait à neuf, une politique municipale de promotion des commerces et de coordination de l'offre touristique, le tout pour que l'économie locale bénéficie du succès du casino’" 322 . La ville se retrouve donc dépendante vis à vis de l'activité du casino, ce qui est un danger dont elle est consciente. C'est pour cela que depuis 1996, Divonnes-les-Bains a décidé de se trouver d'autres moteurs de développement local. Elle a décidé de relancer son activité thermale et d'exploiter une source d'eau minérale présente sur la commune. Cet exemple de développement local centré autour d'un casino reste quand même assez rare en France. Si l'on remonte aux origines de l'apparition des casinos, nous nous apercevons que leur présence dans les stations thermales étaient justifiée par le fait que les curistes manquaient de distraction. Nous pouvons donc voir que dès ce moment les casinos ont commencé à faire partie du développement local des communes en s'intégrant parmi les autres activités proposées.

Notes
317.

- Ginoux Pierre, "Des univers de loisirs fortement impliqués dans la vie économique locale", Les cahiers espaces, Casinos et tourisme, n°38, Octobre 1994.

318.

- Jessand Michel, "Le Lion Blanc sort ses griffes dans la Loire", Le Progrès, 31/10/98.

319.

- Olivero Cécile, "Casino : la culture est en jeu", Cote, mars 1994.

320.

- M.J, "Vegas-les-Bains, joue l'accueil", rubrique Tourisme, Le Progrès, édition de Saint-Etienne, 1/11/98.

321.

- Loi des Finances du 21 décembre 1961 rectifiée le 30 décembre 1995. Outre l'abattement préalable sur le produit brut des jeux prévu à l'article 1er du décret-loi du 28 juillet 1934, les casinos peuvent bénéficier, à compter de la saison 1995-96, d'un abattement supplémentaire de 5% sur ce produit correspondant au déficit résultant des manifestations artistiques de qualité qu'ils organisent. Sont susceptibles d'ouvrir droit au bénéfice des dispositions de l'article 72 de la loi du 21 décembre 1961 susvisée toutes manifestations artistiques (spectacles d'art dramatique, lyrique ou chorégraphique, concerts symphoniques et autres, revues de music-hall à grand spectacle, spectacles de variétés, spectacles folkloriques, festivals cinématographiques, manifestations d'arts graphiques et plastiques, etc.) qui, enraison de la composition et de l'importance du programme ou de l'exposition, de la valeur de la scène, constituent des spectacles d'une qualité artistique telle que leur rayonnement puisse s'étendre à l'étranger. Réglementation des jeux dans les casinos, Les éditions des journaux officiels, 1998.

322.

- Valletoux Frédéric, "Les casinos jouent sur du velours", Les Echos, 3/1/96.