E- La construction d'un casino dans la cité internationale de Lyon

a- Le contexte

Le projet de la cité internationale a été lancé il y a 10 ans. Le concours avait été remporté par Renzo Piano. Ce chantier aura coûté à son achèvement 3 milliards de francs dont seulement 30% proviennent des fonds publics. Pour le reste, il fallait trouver des investisseurs privés, ce qui explique la lenteur des travaux. Au départ, la ville avait signé un accord avec la SARI pour la réalisation des travaux, mais le directeur de cette société a été entrainé dans un scandale immobilier. En 1992, la ville signe un autre accord avec la SPAICIL, filiale de la Compagnie Générale des Eaux, mais les contraintes économiques du marché font prendre du retard au chantier. Ce partenariat privé-public était original, mais aussi très contraignant pour les investisseurs privés (il est réglé par un volumineux document juridique dans lequel tous les partenaires se perdent). De plus ceux-ci s'interrogent sur la rentabilité du projet et aimeraient avoir des assurances et notamment celle qu'un hôtel de luxe sera construit à l'intérieur de la cité internationale. UGC qui a signé en juin 1995 un accord pour construire un complexe de 14 salles de cinéma veut attendre que l'hôtel soit achevé avant de lancer les travaux. La SPAICIL cherche depuis des années un investisseur pour cet hôtel. Le marché de l'hôtellerie de luxe n'est pas très bon, et les investisseurs potentiels doutent de la rentabilité d'un tel ensemble. Lyon attire surtout un tourisme d'affaires et les hôteliers déjà en place cassent les prix pour augmenter leur chiffre d'affaires. La question est donc de savoir comment rentabiliser un tel hôtel. La crédibilité de tout l'ensemble dépend de la construction de l'hôtel. La mairie se trouve donc obligée d'écouter toutes les suggestions et de faire preuve d'une plus grande souplesse envers ceux qui seraient susceptibles de trouver une solution. C'est là qu'entre en scène Hubert Benhamou, directeur général du Lyon Vert. Pour lui, les 250 millions nécessaires à la construction de l'hôtel ne seront pas rentables... sauf si la mairie accepte qu'il construise du même coup un casino qui lui permettra de rentabiliser l'hôtel. Cette solution a été présentée lors du conseil municipal du 21 décembre 1995 à l'issue duquel s'est tenue une conférence de presse (que nous analyserons dans un premier temps ainsi que son traitement médiatique) et un vote (positif) a eu lieu le 15 janvier 1996 (nous en verrons le traitement médiatique dans un deuxième temps). L'appel d'offre (obligatoire dans ce cas car les casinos dépendent du ministère de l'intérieur) a été lancé en mars. Le candidat retenu a été le groupe Partouche. Le casino aurait du ouvrir ses portes en 1999 mais, comme nous le verrons, le groupe Partouche a rencontré de nombreux obstacles notamment auprès du ministère chargé du dossier. Finalement, après un parcours semé d'embuches, le Grand Casino de Lyon fonctionne depuis le mois de mars 2000.