3.2. Les aires V2 et V3

L'aire V2 située dans l'aire 18 de Brodmann, borde et entoure l'aire V1 (Shipp & Zeki, 1985). Elle est organisée de façon rétinotopique et présente, comme l'aire V1, des zones de concentration différente de cytochrome oxydase qui vont, cette fois, former des bandes (Tootell, Silverman, De Vallois, & Jacobs, 1983). Ainsi, il existe trois types de bandes : des bandes sombres épaisses, des bandes sombres fines et entre les deux des bandes claires.

Ces différentes zones se distinguent par les afférences qu'elles reçoivent (voir Figure 2). Les bandes sombres fines sont innervées par les axones des neurones des blobs de la couche 2/3 de V1. Les bandes claires reçoivent des afférences des neurones des interblobs de cette même couche. Enfin, les bandes sombres épaisses sont innervées par les axones des neurones de la couche 4B. Les neurones des différentes bandes de V2 répondent aux stimulations binoculaires (Zeki, 1976) et présentent une sélectivité similaire à celle des neurones qui les innervent de telle sorte que les voies Pc, Pf et M restent relativement distinctes. Ainsi, les neurones des bandes sombres fines sont particulièrement sélectifs à la couleur, les neurones des bandes claires répondent principalement à l'orientation, aux indices de terminaison et à la disparité binoculaire et les neurones des bandes sombres épaisses présentent une sélectivité à l'orientation, à la direction du mouvement et à la disparité binoculaire. Il est important de noter que le nombre de cellules sensibles à la disparité binoculaire est bien plus important dans V2 que dans V1 où elles étaient très largement minoritaires par rapport au nombre de cellules codant l'orientation et la direction du mouvement (Livingstone & Hubel, 1988). Il y a donc un codage de plus en plus précis à mesure que l'on progresse dans le traitement visuel. Par ailleurs, les champs récepteurs des cellules de V2 sont plus larges que ceux des cellules de V1, ce qui permet une intégration de l'information (Zeki & Shipp, 1988).

Les aires V1 et V2 vont ensuite transmettre l'information à l'aire V3 qui est aussi organisée de façon rétinotopique. Cette aire, qui entoure l'aire V2, est divisible en deux parties : une partie ventrale et une partie dorsale. La partie ventrale reçoit ses afférences des bandes fines et des bandes claires de V2 et la partie dorsale reçoit ses afférences de la couche 4B de V1 et des bandes épaisses de V2 (De la Sayette, 1995). Les cellules de V3 sont particulièrement sensibles à l'orientation, à la disparité binoculaire et à la direction du mouvement (DeYoe & Van Essen, 1988). De plus, elles présentent des champs récepteurs encore plus larges que ceux de V2 pour les mêmes excentricités (Zeki, 1978). V3 va donc poursuivre l'intégration de l'information provenant des aires précédentes.

La ségrégation entre les différentes voies de traitement (voies P (Pc + Pf) et M), commencée dès la rétine, se poursuit et s'accentue au-delà de V3 puisque cette fois ce ne sont plus des régions différentes d'une même aire qui présentent des sensibilités distinctes mais des aires à part entière (Livingstone & Hubel, 1988). Ainsi, comme l'illustre la Figure 2, la voie P (voie ventrale) va se diriger sur l'aire V4 puis sur le cortex inféro-temporal et la voie M (voie dorsale) va se diriger sur l'aire V5 (ou MT : aire médio-temporale) puis sur le cortex pariétal postérieur (DeYoe & Van Essen, 1988).