4. Interactions entre les différentes voies du traitement visuel

4.1. Interactions physiologiques

Si les voies M et P sont clairement distinctes concernant le traitement de certains paramètres comme la couleur notamment, qui ne semble être traitée que par la voie P, elles présentent quand même un certain nombre de recouvrements. D'une façon générale, il existe des cellules sensibles à la disparité binoculaire et à l'orientation dans les deux voies (DeYoe & Van Essen, 1988).

Par ailleurs, à chaque étage du traitement visuel, il existe des recouvrements des sensibilités des cellules des différentes voies dont nous allons donner quelques exemples. Les cellules des aires V4 et MT, qui appartiennent respectivement à la voie P et à la voie M, sont généralement sensibles à des paramètres différents ; cependant, la sélectivité des cellules de V4 et de MT ne diffère pas en ce qui concerne la vitesse et le contraste. Par ailleurs, si le codage de la direction du mouvement semble être une spécificité des cellules de MT et, d'une façon générale, des cellules des aires appartenant à la voie M, Zeki (1978) a quand même montré l'existence de cellules sensibles à la direction du mouvement dans l'aire V4, qui fait pourtant partie de la voie P. Au niveau de la distinction des traitements entre les cellules des lobes temporaux et pariétaux, on attribue généralement le traitement de la forme aux premiers et le traitement spatial aux seconds. Cependant Sereno et Maunsell (1998) ont montré qu'il existait dans l'aire LIP des cellules sensibles à la forme, et cela indépendamment des mouvements des yeux ou des actions qui pourraient être faites vers ces objets. Ces cellules présentent donc des sélectivités similaires à celles des cellules du cortex temporal.

Ainsi, si les voies M et P sont globalement distinctes d'un point de vue physiologique, il existe quand même certains recouvrements. Par ailleurs, il existe aussi de nombreuses interactions anatomiques entre ces voies.