1.1.2. Effets des lésions temporales

L'ablation bilatérale des lobes temporaux inférieurs des singes provoque, nous l'avons vu, des déficits d'apprentissage et de remémoration dans des tâches de discrimination visuelle (Pohl, 1973). Ces effets seraient dus au rôle du cortex temporal inférieur dans la mémoire visuelle. En effet, des singes normaux (non cérébro-lésés) sont capables d'apprendre rapidement à reconnaître un objet donné. Ainsi, après quelques jours d'apprentissage, ils montrent qu'ils reconnaissent des objets vus pour la première fois quelques secondes auparavant (Mishkin & Delacour, 1975). La première vision d'un objet laisse donc une trace quelque part dans le système visuel et elle va pouvoir être activée lors de la deuxième présentation, permettant ainsi sa reconnaissance rapide. Le lieu de formation de ces traces est le cortex temporal inférieur (Mishkin, 1982). En effet, seules des lésions localisées dans cette région abolissent presque la capacité des singes à réaliser des tâches de reconnaissance (Mishkin, Ungerleider, & Macko, 1983). Plus précisément, ce serait la partie antérieure du cortex temporal inférieur (aire AIT) qui constituerait le lieu de la mémoire visuelle, alors que la partie postérieure de ce cortex (aire PIT) serait, quant à elle, plus engagée dans les tâches de discrimination (Mishkin, 1982).

Iwai, Osawa, Yamaguchi, et Yaginuma (1993) ont étudié les capacités de discrimination chez des singes lésés chirurgicalement au niveau du lobe temporal inférieur. Plus précisément, les lésions étaient effectuées dans la partie la plus antérieure de l'aire AIT et-ou dans la partie la plus postérieure de cette même aire et-ou dans l'aire PIT. L'observation des performances des singes dans des tests de discriminations de plus en plus fines a montré que seules les lésions englobant l'aire PIT ou restreintes à cette aire provoquent de gros déficits de discrimination.

Ainsi, les aires PIT et AIT, qui ont été distinguées sur le plan cytoarchitectonique, ont des fonctions distinctes, la première étant particulièrement impliquée dans la discrimination de forme et la seconde dans la mémorisation.

L'étude de la distinction entre voie ventrale et voie dorsale n'a pas seulement été réalisée en examinant les effets de lésions des lobes temporaux et pariétaux. Les chercheurs se sont aussi intéressés au rôle des cortex visuels striés et extra-striés.