3.3.4. Etude des effets du mode de réponse

L'effet du mode réponse a été particulièrement étudié par Bruyer et al. (1997, expérience 1). Leur première expérience était identique à celle de Kosslyn et al. (1989, expérience 3) mais la réponse, au lieu d'être orale, était manuelle. Les résultats ont confirmé ceux de Kosslyn et al. (1989) mais uniquement au niveau de l'analyse des bonnes réponses alors que les résultats observés par Kosslyn et al. (1989, expérience 3) provenaient de l'analyse des temps de réponse. Ainsi, pour Bruyer et al. (1997), la modalité de réponse est importante. Cependant, il est important de noter que la plupart des autres études nécessitaient une réponse manuelle et cela n'a pas empêché l'observation d'une asymétrie hémisphérique sur les temps de réponse pour les traitements catégoriels et coordonnés (Banish & Federmeier, 1999 ; Cowin & Hellige ; 1994 ; Cowin-Roth & Hellige, 1998 ; Hellige et al., 1994 ; Hellige & Michimata, 1989 ; Horner & Freides, 1996, avec les stimuli à trois degrés d'excentricité ; Niebauer & Christman, 1998 ; Rybash & Hoyer, 1992 ; Sergent, 1991a, expérience 4 ; Wilkinson & Donnelly, 1999, avec un temps de présentation des stimuli à 100 ms). Cependant, il est vrai aussi que, dans toutes ces études, les expériences n'étaient pas strictement identiques à celle de Kosslyn et al. (1989, expérience 3).

Dans une seconde expérience, Bruyer et al. (1997, expérience 2) ont étudié l'effet du nombre de réponses sur l'observation ou non de l'asymétrie hémisphérique pour les traitements catégoriels et coordonnés. Pour Bruyer et al. (1997), une réponse binaire ne convient pas forcément dans une tâche de jugement de relations coordonnées. En effet, chaque position est unique. A l'inverse, dans une tâche catégorielle, la position des points ne compte pas et donc une réponse binaire est appropriée. Bruyer et al. (1997) ont donc conçu une expérience dans laquelle les sujets devaient juger la position d'un point par rapport au centre d'un cercle. Le point pouvait être à huit distances différentes du centre du cercle et dans huit directions distinctes (nord, nord-est, nord-ouest, sud, sud-est, sud-ouest, est et ouest). Dans la tâche catégorielle, le sujet devait indiquer oralement la direction du point. Dans la tâche coordonnée, il devait indiquer la distance entre le point et le centre du cercle en utilisant les chiffres de 1 à 8 (la réponse était toujours orale). Les résultats ont révélé un avantage de l'hémisphère droit dans la tâche coordonnée et un avantage de l'hémisphère gauche dans la tâche catégorielle, mais uniquement au niveau des bonnes réponses.

Dans une troisième expérience, Bruyer et al. (1997, expérience 3) ont voulu répliquer les résultats de la deuxième expérience en harmonisant les réponses entre les tâches catégorielles et coordonnées. Plus précisément, cette fois, même dans la tâche catégorielle, les sujets devaient utiliser des chiffres pour répondre (e.g., "4" correspondait à ouest, "7" à nord-ouest). Les résultats n'ont montré aucune différence hémisphérique quelles que soient la tâche et la variable dépendante étudiée (e.g., précision ou rapidité).

Ainsi, les patterns de spécialisation hémisphérique semblent être affectés par le type de réponse demandé. Cependant, de même que Bruyer et al. (1997) considèrent qu'une réponse binaire n'est pas la plus adaptée dans une tâche coordonnée, nous ne considérons pas qu'une réponse telle que celle utilisée dans la troisième expérience soit très adaptée dans une tâche catégorielle. De plus, les taux d'erreurs dans la tâche coordonnée des expériences 2 et 3 avoisinaient 50 %. Il semble difficile, dans ces conditions, de pouvoir tirer de quelconques conclusions.

Nous allons maintenant présenter les résultats des études qui ont manipulé le type de tâche utilisé pour tester l'asymétrie hémisphérique dans les jugements catégoriels et coordonnés.