1.1.3. Discussion

Cette expérience avait pour objectifs de déterminer un délai de réponse acceptable pour le protocole d'IRMf et d'évaluer si la difficulté pouvant être induite par les contraintes temporelles (succession rapide des stimuli et absence de pause) pouvait prolonger l'avantage de l'hémisphère droit au-delà du premier bloc d'essais.

L'observation des temps de réponse nous a montré que les sujets répondaient, en moyenne, en moins de 850 ms.

L'analyse de variance sur les temps de réponse médians a révélé que les sujets s'amélioraient au fil des blocs, ce qui montre qu'ils ont pu apprendre la tâche. Plus important, nous avons observé un avantage significatif de l'hémisphère droit au premier bloc d'essais. Ce résultat conforte donc l'hypothèse de Kosslyn (1987) selon laquelle l'hémisphère droit est dominant pour les jugements coordonnés. Cependant, et contrairement à nos attentes, cet avantage ne s'est pas maintenu au-delà du premier bloc expérimental. Ainsi, il est possible que les contraintes temporelles n'aient pas augmenté la difficulté de l'expérience ou que la difficulté de l'expérience n'ait néanmoins pas empêché l'hémisphère gauche de s'impliquer suffisamment dans la tâche pour faire disparaître l'avantage initial de l'hémisphère droit. Cependant, le design de cette expérience ne nous permet pas de choisir entre les différentes hypothèses qui ont été proposées pour expliquer cet effet de pratique (Banish & Federmeier, 1999 ; Cowin & Hellige, 1994 ; Kosslyn et al., 1989 ; Rybash & Hoyer, 1992). En effet, l'hémisphère gauche a pu développer de nouvelles catégories de positions grâce à la répétition des stimuli (Kosslyn et al., 1989) ou en utilisant l'écran comme cadre de référence étant donné que la barre était toujours présentée au même endroit (Banish & Federmeier, 1999). Par ailleurs, l'hémisphère gauche a aussi pu réaliser des jugements coordonnés avec la pratique (Cowin & Hellige, 1994 ; Rybash & Hoyer, 1992).

L'analyse de variance effectuée sur les bonnes réponses a révélé un avantage général de l'hémisphère gauche. Ce résultat est surprenant et en porte-à-faux par rapport à la théorie de Kosslyn (1987).

Ainsi, si les résultats sur les temps de réponse sont en accord avec les autres résultats expérimentaux ayant révélé un avantage de l'hémisphère droit restreint au premier bloc d'essais dans les tâches coordonnées (Banish & Federmeier, 1999 ; Cowin & Hellige, 1994 ; Dépy et al., 1999, expérience 3 ; Hoyer & Rybash, 1992 ; Koenig et al., 1990 ; Kosslyn et al., 1989, expérience 3 ; Michimata, 1997, tâche perceptive ; Rybash & Hoyer, 1992), les résultats sur le nombre de bonnes réponses sont en contradiction avec la théorie de Kosslyn (1987) selon laquelle l'hémisphère droit est dominant pour effectuer des jugements coordonnés. Même s'il est généralement considéré que les temps de réponses sont une variable dépendante plus importante pour juger de différences hémisphériques (Hellige & Sergent, 1986), il semble difficile d'émettre des conclusions au vu des résultats de cette première expérience compte-tenu du compris vitesse-précision observé (Hellige, 1994). Il est possible que le fait de présenter très rapidement le point de fixation (200 ms) et les stimuli latéralisés (150 ms) sans que le délai de réponse soit, lui aussi, fixé, ait gêné les sujets, les empêchant de réaliser correctement la tâche.