2. Expérience 3 en IRMf : localisation des sous-systèmes de traitement des relations spatiales catégorielles et coordonnées et étude de l'effet de pratique

Une seule étude a été réalisée pour tenter de localiser les substrats anatomiques sous-tendant le traitement des relations spatiales catégorielles et coordonnées. Cette étude, réalisée par Kosslyn et al. (1998, non publié) en utilisant la TEP, a été exposée dans la partie théorique. Pour rappel, les résultats n'ont pas mis en évidence de lieux précis mais une activation plus importante dans l'hémisphère droit que dans l'hémisphère gauche pour les traitements coordonnés et une activation plus importante dans l'hémisphère gauche que dans l'hémisphère droit pour les traitements catégoriels. Par ailleurs, cette étude ne s'est pas intéressée aux effets de pratique souvent observés dans les expériences demandant des jugements de relations spatiales coordonnées. Il semblait donc particulièrement intéressant de réaliser une étude utilisant une technique d'imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf) afin, d'une part, de localiser précisément les aires corticales impliquées dans le traitement de tel ou tel type de relations spatiales, et, d'autre part, d'étudier l'effet de pratique. L'intérêt de l'IRMf est que cette méthode est non invasive, ce qui permet de tester plusieurs fois les mêmes sujets, qu'elle présente une bonne résolution spatiale, et qu'elle a aussi une bonne résolution temporelle, ce qui permet d'étudier l'évolution des activations au cours du temps.

L'étude que nous avons réalisée a pris place au sein d'un programme de recherche (ARASSH), financé par la Région Rhône-Alpes, et associant l'Unité de NeuroPsychologie Cognitive (U.N.P.C.) de l'Université Lumière Lyon 2 et l'Unité INSERM 438 de Grenoble. Cinq personnes ont participé à la réalisation de ce projet : le Dr. C. Segebarth et Dr. M. Baciu de l'Unité INSERM 438 et le Pr. O. Koenig, le Dr. N. Bedoin et moi-même de l'U.N.P.C. Cette recherche a, par ailleurs, fait l'objet d'une publication (Baciu et al., 1999).

Nous avons fait l'hypothèse que le lobe pariétal droit devait sous-tendre le sous-système d'encodage des représentations de relations spatiales coordonnées et que le lobe pariétal gauche devait sous-tendre le sous-système d'encodage des représentations de relations spatiales catégorielles. Plus précisément, nous avons fait l'hypothèse que le gyrus angulaire (aire 39 de Brodman) était spécialisé dans l'encodage de ces relations spatiales, compte tenu de l'observation, lors de lésions gauches de cette aire, du syndrome de Gerstmann. La distinction gauche-droite (atteinte dans le syndrome de Gerstmann) nécessite en effet le traitement de relations spatiales catégorielles. Or, si le gyrus angulaire gauche sous-tend le sous-système d'encodage des relations spatiales catégorielles, il semblait probable que l'homologue de cette aire dans l'hémisphère droit sous-tende le traitement des relations spatiales coordonnées.

Par ailleurs, nous avons fait l'hypothèse que, lors de la réalisation d'une tâche coordonnée, nous devrions pouvoir mettre en évidence une diminution de l'activation de l'hémisphère droit, qui attesterait de l'effet de pratique observé dans les expériences en champs visuels divisés et, éventuellement, une augmentation de l'activation de l'hémisphère gauche attestant ainsi de l'implication progressive de cet hémisphère.