3. Discussion générale

Les deux expériences préliminaires nous semblent importantes, même si les résultats de la première étaient mitigés. En effet, on a vu, dans la partie théorique, que les études en champs visuels divisés sont sensibles à de nombreux facteurs expérimentaux (e.g., Boles, 1991, 1992 ; Eviatar et al., 1997 ; Hellige et al., 1994 ; Hellige et al., 1988 ; Hellige & Sergent, 1986 ; Sergent & Hellige, 1986). Cependant, à notre connaissance, l'effet des contraintes temporelles n'avait pas jusqu'alors été exploré. Or, les résultats que nous avons obtenus dans les expériences 1 et 2 suggèrent que, selon les contraintes temporelles (e.g., temps de réponse limité ou non) les performances varient. En particulier, dans l'expérience 1 où tous les évènements d'un essai, hormis le temps de réponse, avaient un délai limité et court, nous avons observé un compromis vitesse-précision. Au contraire, dans l'expérience 2 où même le temps de réponse était limité et court, aucun compromis vitesse-précision n'a été observé. Il semble donc important, si l'on veut contraindre les éléments temporels, de faire en sorte que tous les évènements d'un essai aient la même contrainte comme cela était le cas dans l'expérience 2 où nous avons pu confirmer la dominance de l'hémisphère droit pour le traitement des relations spatiales coordonnées.

La dominance de l'hémisphère droit dans les jugements coordonnés a aussi été confirmée dans l'expérience 3, qui a, par ailleurs, permis de localiser la structure corticale sous-tendant ces traitements (gyrus angulaire droit). De plus, cette étude a montré une implication du gyrus angulaire gauche lors de la réalisation de jugements catégoriels. Enfin, elle a permis de mettre en évidence l'implication progressive du sous-système d'encodage des relations spatiales catégorielles, dans une tâche nécessitant à l'origine des traitements coordonnés. Néanmoins, si l'effet de pratique, dans les tâches demandant des jugements de relations spatiales coordonnées, a pu être attesté, en particulier dans l'expérience d'IRMf, il n'a pas pu être expliqué. Plus précisément, les résultats obtenus ne permettent pas de trancher entre les diverses hypothèses qui ont été avancées pour expliquer cet effet. Rappelons que ces hypothèse sont au nombre de quatre. La première hypothèse, proposée par Kosslyn et al. (1989), est que l'hémisphère gauche développe, avec la pratique, et grâce à la répétition des stimuli, de nouvelles catégories de positions. La seconde hypothèse suggère que l'hémisphère gauche utiliserait un cadre de références (e.g., l'écran de l'ordinateur) pour délimiter différentes régions spatiales. Ainsi, toutes les positions appartenant à une même région seraient d'emblée catégorisées. La troisième hypothèse est que l'hémisphère gauche est capable, avec la pratique, de réaliser des jugements coordonnés (Rybash & Hoyer, 1992). Enfin, la quatrième hypothèse stipule aussi que l'hémisphère gauche est capable de réaliser des jugements coordonnés grâce à sa capacité à s'adapter à la tâche en utilisant des stratégies de haut niveau (Cowin & Hellige, 1994). Le chapitre suivant présente une série de trois expériences qui avaient spécifiquement pour objectif de choisir entre ces différentes alternatives.