Chapitre II. Facteurs influençant le développement de nouvelles catégories de relations spatiales dans des tâches coordonnées

De nombreuses expériences ont mis en évidence un effet de pratique dans les expériences coordonnées mais pas dans les expériences catégorielles (Banish & Federmeier, 1999 ; Cowin & Hellige, 1994 ; Dépy et al., 1999, expérience 3 ; Hoyer & Rybash, 1992 ; Koenig et al., 1990 ; Kosslyn et al., 1989, expérience 3 ; Michimata, 1997, tâche perceptive ; Rybash & Hoyer, 1992). Cet effet de pratique s'est manifesté par une disparition de l'avantage initial de l'hémisphère droit généralement dû à une amélioration des performances de l'hémisphère gauche. Cette implication progressive de l'hémisphère gauche a été en particulier mise en évidence dans l'expérience d'IRMf que nous avons présentée dans le chapitre précédent. Quatre hypothèses ont été avancées pour expliquer cet effet. La première hypothèse émise par Kosslyn et al. (1989) est que l'hémisphère gauche développe, avec la pratique, et grâce à la répétition des stimuli, de nouvelles catégories de positions. Cette hypothèse a trouvé des supports dans diverses études (Dépy et al., 1998, expériences 1, 2, et 3 ; Koenig & Dillenbourg, non publié ; Koenig et al., non publié ; Kosslyn et al., 1989, expérience 3). La seconde hypothèse suggère aussi que l'hémisphère gauche utiliserait des catégories pour effectuer des jugements coordonnés (Banish & Federmeier, 1999). Cependant, l'hémisphère gauche ne catégoriserait pas, progressivement, les différentes positions, mais utiliserait un cadre de références (e.g., l'écran de l'ordinateur) pour délimiter différentes régions spatiales. Ainsi, toutes les positions appartenant à une même région seraient d'emblée catégorisées. Cette hypothèse est soutenue par les résultats de Banish et Federmeier (1999) et de Dépy et al. (1998, expérience 4). La troisième hypothèse est que l'hémisphère gauche est capable, avec la pratique, de réaliser des jugements coordonnés (Rybash & Hoyer, 1992). Enfin, la quatrième hypothèse stipule aussi que l'hémisphère gauche est capable de réaliser des jugements coordonnés grâce à sa capacité à s'adapter à la tâche en utilisant des stratégies de haut niveau (Cowin & Hellige, 1994).

Si diverses hypothèses ont été avancées, aucune étude, n'a, jusqu'à présent, cherché à les dissocier. C'est ce que nous avons voulu faire dans les trois expériences qui vont être présentées dans ce chapitre. Pour explorer plus précisément les mécanismes responsables de l'engagement progressif de l'hémisphère gauche dans les expériences demandant des jugements coordonnés, nous avons manipulé la distance critique à juger et la fréquence de changement de celle-ci.

Dans la première expérience (expérience 4), la distance critique changeait tous les trois blocs d'essais. Dans la seconde expérience (expérience 5), elle changeait à chaque bloc. Enfin, dans la dernière expérience, la distance critique était différente à chaque essai.