1.1.3. Procédure

Etant donné la petite taille des stimuli, un pré-test était effectué pour s'assurer que les sujets étaient capables de distinguer le carré de la croix. Pour cela, on présentait aux sujets un point de fixation et ensuite, rapidement, la croix ou le carré étaient présentés (150 ms) à trois degrés à droite ou à gauche du point de fixation. Les sujets devaient indiquer oralement, à l'expérimentateur, la forme qu'ils avaient vue. Seuls les sujets réussissant au moins 80 % des essais (sur 20 essais) réalisaient l'expérience.

Pour les deux groupes de sujets, la procédure, tout comme les stimuli, étaient les mêmes. La seule différence étaient les instructions reçues en début d'expérience. Ainsi, tous les sujets commençaient par lire les instructions apparaissant à l'écran. Ces instructions indiquaient d'abord aux sujets comment répondre. Pour les sujets du premier groupe (CAT) réalisant la tâche catégorielle, la consigne leur demandait de placer l'index et le majeur de l'une de leur main sur les touches portant les étiquettes "H" (pour "haut") et "B" (pour "bas"). Pour les sujets du deuxième groupe (COO) réalisant la tâche coordonnée, la consigne leur demandait de placer l'index et le majeur de l'une de leur main sur les touches portant les étiquettes "+" et "-". Dans chaque groupe, la moitié des sujets devait utiliser l’index et le majeur de la main gauche et l’autre moitié, l’index et le majeur de la main droite. Pour la moitié des sujets de chaque groupe (groupe main droite, groupe main gauche) la touche placée sous l’index correspondait à "+" ou "B" et la touche placée sous le majeur correspondait à "-" ou "H", et, pour l’autre moitié, la touche placée sous l’index correspondait à "-" ou "B" et la touche placée sous le majeur correspondait à "+" ou "H". Une fois les doigts du sujet correctement positionnés, une phase d’apprentissage de la réponse était proposée. Dans cette phase le mot "haut" ou le mot "bas" (pour le groupe CAT) ou le mot "plus" ou le mot "moins" (pour le groupe COO) apparaissait au centre de l’écran et le sujet devait répondre en pressant la touche correspondante. En cas d’erreur, une barre grisée apparaissaient rapidement en haut de l’écran. Cette phase d'apprentissage se composait de deux séries de 50 essais séparées par une courte pause.

De nouvelles instructions apparaissaient ensuite concernant cette fois le déroulement du test et la tâche à réaliser. Ainsi, le sujet était informé qu’il allait voir apparaître très rapidement un carré, une croix et une barre, à droite ou à gauche d’un point de fixation. Les instructions, tout comme l'expérimentateur, insistaient sur le fait que le sujet ne devait absolument pas bouger les yeux en fixant, durant toute l'expérience, le point de fixation central. Par ailleurs, il était indiqué aux sujets du premier groupe (CAT) que leur tâche consistait à répondre en appuyant sur la touche "H" s’ils jugeaient que la carré était au-dessus de la barre et sur la touche "B" s’ils jugeaient que le carré était au-dessous de la barre. Pour les sujets du deuxième groupe (COO), il leur était indiqué qu'ils devaient appuyer sur la touche "+" s'ils jugeaient que la distance entre le carréet la barre était supérieure à la distance critique et sur la touche "-" s’ils jugeaient que la distance entre le carré et la barre était inférieure à la distance critique. Avant de commencer les essais, les sujets du groupe COO voyaient, le temps qu'ils voulaient, la distance critique qu'ils auraient à juger dans l'expérience. L’expérimentateur, comme les instructions, insistaient sur le fait que le sujet devait répondre le plus rapidement et le plus précisément possible.

Dans l’expérience proprement dite, chaque essai débutait par le point de fixation présenté seul pendant 400 ms, puis les stimuli expérimentaux (barre + carré + croix) apparaissaient à droite ou à gauche du point de fixation pendant 150 ms. Un écran blanc était ensuite affiché à l'écran jusqu'à la réponse du sujet et restait ensuite encore 200 ms. En cas de réponse erronée, comme dans la phase d’apprentissage de la réponse, une barre grisée apparaissait rapidement en haut de l’écran. La présence d'un signal d'erreur devait notamment permettre aux sujets engagés dans la tâche coordonnée de ne pas "perdre" la distance critique à juger. En effet, sans ce signal, les erreurs pourraient être dues à une mauvaise estimation de la distance critique plutôt qu'à une mauvaise estimation de la distance séparant les stimuli à juger. Le déroulement d'un essai est représenté dans la Figure 51.

Figure 51. Représentation du déroulement d'un essai
Figure 51. Représentation du déroulement d'un essai

L’expérience comportait 3 blocs de 72 essais chacun, soit un total de 216 essais. Comme dans les expériences présentées dans les chapitres expérimentaux précédents, aucun essai d'entraînement n'était proposé aux sujets. Dans chaque bloc expérimental, chacune des trente-six combinaisons carré-croix possible était présentée une fois dans l'hémichamp droit une fois dans l'hémichamp gauche. A l’intérieur de chaque bloc, le type d’essai variait selon un ordre aléatoire contrôlé. En effet, le carré et, par voie de conséquence, la croix, n’apparaissaient jamais plus de trois essais consécutifs du même côté de la barre ou dans le même champ visuel et la position du carré n’entraînait jamais la même réponse plus de trois essais consécutifs.

Avant l’expérience, les sujets remplissaient un formulaire de consentement et le test de latéralité d'Edinburgh (Oldfield, 1971). A la fin du test, ils remplissaient un questionnaire de fin d’expérience destiné à s'assurer qu'ils avaient réalisé correctement la tâche.