2-1-2 Question de connaissances

Dans les parties théoriques suivantes, nous présenterons l’orientation spatiale selon le point de vue de la psychologie cognitive, celle-ci visant à rendre compte des processus mis en œuvre dans l’apprentissage, la mémorisation, les représentations et le traitement d’informations spatiales. Les déplacements permettent aux individus d’appréhender de nouveaux environnements, d’en construire et d’en affiner la connaissance. Nous verrons dans cette première partie le rôle de la mémoire qui reste un processus cognitif fondamental non pas seulement comme un lieu de stockage mais également une aide à la reconnaissance des lieux. Nous n’envisageons pas ici de discuter les différents modèles de mémoire mais simplement d’exposer les plus fondamentaux qui semblent, selon notre point de vue, se rattacher à l’activité d’orientation.

Bien que la notion de Cartes Cognitives soit l’objet de controverses dans la littérature, nous avons volontairement choisi de l’adopter car il nous paraît important d’identifier et d’isoler de façon artificielle les connaissances spatiales des autres connaissances. Ces connaissances s’inspirent des formats habituels (propositionnel, conceptuel, imagé) mais contiennent des données rattachées à une activité humaine très spécifique : objets bidimensionnels, tridimensionnels, distances, cadres de références…

Nous illustrerons cette première partie avec la situation d’un environnement familier, situation dans laquelle nous avons suffisamment de connaissances emmagasinées pour nous déplacer de façon automatique. L’automatisation du déplacement correspond à une activité sans contrôle de l’exécution des actes et par conséquent sans réflexion (BASTIEN, 1996). Pour illustration : le trajet familier le plus typique est le trajet domicile-travail. D’ailleurs, ce trajet est si bien automatisé que des erreurs peuvent se produire lors de changement de destination. Il arrive parfois que l’on se retrouve sur le trajet qui nous est très familier alors que nous n’avions pas prévu initialement de prendre cet itinéraire.

L’analogie entre la mémoire et le sentiment de familiarité d’un lieu mérite quelques explications. La mémoire est un concept fondamental en psychologie cognitive car elle permet de gérer un certain nombre de situations du quotidien. Un lieu devient familier grâce au fonctionnement implicite et explicite de la mémoire.

Dans la seconde partie, nous distinguerons un trajet inconnu d’un lieu inconnu. La première est non seulement spatiale mais porte également sur les stratégies employées pour atteindre le but. L’activité n’est plus spontanée mais réfléchie. Le contexte du trajet inconnu dans un environnement familier sera l’occasion d’expliciter le rôle, non négligeable, de la planification dans une activité d’orientation; un itinéraire est un chemin planifié. La planification est une construction interne à partir des données disponibles dans le système cognitif dès lors que ces données paraissent insatisfaisantes, le système cognitif va s’adapter par la recherche d’informations extérieures (panneau de signalisation, carte routière, plan de quartier, description d’itinéraire…). Selon, les moyens d’information utilisés, l’itinéraire sera plus ou moins planifié et intégré, la difficulté majeure sera l’adéquation entre la représentation spatiale et la réalité de l’environnement. Il va adopter un comportement de type « stimulus-réponse » en appliquant les indications interprétées : c’est une question de « matching » comme disent les anglo-saxons.