2-2-1 Notions générales sur la mémoire

Communément, lorsque nous parlons de LA mémoire, notre intention est d’évoquer exclusivement le passé, mais dès lors qu’elle devient objet d’étude elle devient plurielle parce qu’elle intervient aussi bien dans les pensées et les actions du présent que celles du futur. N’oublions pas qu’elle permet également l’apprentissage.

Ainsi, les processus mnésiques ne déterminent pas seulement les possibilités d’accès aux représentations des événements du passé mais aussi à celles d'un présent immédiat. L'environnement est encodé, représenté et stocké grâce aux propriétés des mémoires transitoires et permanentes. Nous présenterons des processus de mémorisation sans une véritable confrontation entre les différentes théories et modèles de mémoire.

La plus grande des distinctions comprend la mémoire sensorielle, la mémoire de travail ou la mémoire à court terme (MCT) ; la plus importante, car illimitée, reste la mémoire à long terme (MLT). Ces trois formes de mémoire se distinguent dans leur capacité temporelle de rétention de l’information : la première dure quelques centaines de millisecondes ; la deuxième est capable de maintenir l’information pendant quelques dizaines de secondes, la dernière va au-delà. Cependant, ces durées varient aussi selon la nature du stimulus.

Dès que l’objet est perçu, il est sélectionné ou non selon les critères du registre sensoriel sans être jamais complètement indépendant des systèmes supérieurs (ex. : Mémoire à Long Terme (MLT)).

Un des premiers modèles présentant l’interaction entre ces trois modules de mémoire est le « modèle modal » de BROADBENT (1958) puis révisé par ATKINSON et SHIFFRIN (1968) (figure 2-1). Dans ce modèle, l’information est tout d’abord stockée sous une forme non analysée dans un registre sensoriel de capacité limitée (RS). Une partie peut ensuite être sélectionnée pour un codage plus élaboré, elle est alors stockée dans un registre à capacité limitée (MCT). Enfin, cette information peut être transmise à un registre permanent (MLT), conçu comme un réseau de concepts représentant la base de connaissance du sujet. Ils mettent l’accent sur les processus de contrôle volontaire pour le transfert des informations d’un registre à l’autre : sélection du focus de l’attention, maintien de l’information par répétition en MCT et recherche d’informations en MLT. Malgré son succès, le modèle modal ne permet pas de répondre de manière satisfaisante à toute une série de questions comme celles qui portent sur l’ordre de stockage des informations, sur la nature exacte de la MCT, sur la manière dont il est possible de distinguer sans ambiguïté MCT et MLT d’une part et MCT et registres sensoriels d’autre part.

Ainsi, les principales étapes du traitement dont il faut expliquer l’ordre sont schématiquement les suivantes :

  • le stimulus est en contact permanent avec l’information contenue en MLT ;
  • les opérations de codage s’effectuent et un sous-ensemble activé de MLT émerge (MCT) ;
  • de nouvelles informations sont ajoutées à la MLT (automatiquement et/ou sous le contrôle de l’attention) ;
  • l’information s’efface de la MLT.