2-2-4-4 Des images plus ou moins vivides selon les individus

Il semblerait que les individus disposent d’une habilité distincte à former des images cognitives. Afin d’évaluer les capacités d’imagerie de sujets, PAIVIO (1978) a administré des tests psychotechniques qui demandaient aux sujets de comparer mentalement et perceptivement des angles. Les questions portent précisément sur l’amplitude des angles. Le temps de réaction diminue beaucoup plus lorsque la différence entre les angles passe de 30 à 60 degrés. Alors que, lorsque l’amplitude atteint les 90 degrés, la performance n’augmente plus. PAIVIO déduit que la comparaison mentale et perceptive des angles est analogue et constate notamment que certains sujets ont besoin de plus de temps que d’autres à effectuer cet exercice.

Il soutient la position théorique qui souligne l'existence d’une fonction cognitive distincte permettant des représentations analogues aux réalités physiques. Concernant les différences individuelles, celles-ci ont pu être évaluées en pourcentage : 10 à 12% des individus rapportent qu’ils éprouvent des difficultés à construire des images mentales, voire qu’ils échouent (FORTIN C. et ROUSSEAU R., 1993).

Les résultats des expériences de MARKS (1986) suggèrent que les sujets ayant une inclination particulièrement marquée à élaborer et à manipuler des images visuelles sont capables d’en faire un usage profitable dans des programmes d’apprentissage faisant appel à l’imagerie.

La vividité d’une image est une caractéristique subjective et par définition n’est saisissable que par l’individu qui produit cette image. Toutefois, certains tests psychotechniques (questionnaires, épreuves spatiales…) tentent d'évaluer et surtout de faire ressortir les différences entre les individus pour les classer en deux groupes : les "faibles imageants "et les "forts imageants". Cette distinction signifie que les derniers ont une grande propension à traduire spontanément sous forme d’images les énoncés verbaux qu’ils reçoivent et ils disposent également d’une vie imaginative très riche. A l’opposé, les individus peu enclins à construire des images visuelles ont des capacités imaginatives réduites à l’extrême. Il est évident que la population ne s’aligne pas sur cette dichotomie, les capacités d’imagerie sont distribuées en continuum !

L'origine de la distinction entre les faibles et les forts « imageants » est, d'après KOSSLYN (cité dans COURBOIS, 1997), dépendante de l'expérience perceptive alors que le "format imagé et les processus qui y sont associés sont innés" (p.181). Peut-on dire alors que les individus « peu imageants », donc peu enclins à utiliser des images, le sont davantage pour des représentations conceptuelles ? Ces tests ne permettent pas de le savoir comme il est difficile d’évaluer la vividité « exacte » de chaque individu.