2-3-3-3 Les «liens» entre les points de repère

En plus des points de repères qui sont avant tout des repères visuels, les représentations spatiales comportent des éléments d’autres natures qui induisent un comportement d’orientation. Ces représentations sont appelées type route ou type parcours par un certain nombre d’auteurs (DOWNS et STEA, VIGNAUX, THINUS-BLANC...). Elles désignent une succession d’instructions ordonnées vers un but précis et finalisé. Ici, la fonction visuelle prédomine moins que la fonction sensori-motrice ; c’est-à-dire qu’il s’agit moins de reconnaître la route sur les seules caractéristiques visuelles mais bien plus sur les changements de direction qu’elle induit au niveau corporel.

Si la configuration de la route est remarquée pour des propriétés perceptibles distinctives, elle est, dans ce cas, interprétée comme un repère. Mais la représentation spatiale de type route fait prioritairement référence à une séquence de décisions associées aux fonctions sensori-motrices, entraînant l’action exprimée par les différentes positions du corps. D’après GÄRLING (1991), «elle demande une capacité à ordonner une séquence d’informations à propos des emplacements et des distances entre les points, une capacité à évaluer la dimension temporelle de la navigation, une capacité à déterminer la direction et l’orientation dans le respect des segments de route». Comme pour le premier niveau de représentations, les représentations de type route sont hiérarchisées.

Ainsi, tout segment de routes peut être considéré comme un repère « route ». Ces segments routiers sont les «Scenes» qui se distinguent des « plots » référent essentiellement à un élément physique, comme une maison, que nous avons déjà évoqués (p.67). Les Plots, référence à un lieu crucial où les décisions sont les plus importantes, deviennent significativement des espaces les mieux connus par les individus avec le moins d’erreurs. Similairement les Scènes, comme lieux d’ancrage sont significativement mieux reconnus, rappelés et prédisposés à moins d’erreurs que les autres segments plus ordinaires.

En définitive, ces deux niveaux représentationnels sont complémentaires en certaine situation d’orientation car les unes prépondérantes au visuel et les autres aux aspects sensori-moteur. Cependant, elles ne suffisent pas à définir l’ensemble de nos représentations spatiales. Il existe donc un troisième niveau dénommé la représentation de «type survey» ou de type plan. La transition du type route au type survey reste encore confuse, GÄRLING (1981) avance l’hypothèse que les traitements liés à l’attention seraient déterminants en sélectionnant les informations sensorielles spatiales pour des traitements ultérieurs. Par conséquent, cette représentation de type survey serait un enrichissement grâce aux éléments disponibles de la représentation de type route, permettant alors une représentation en survol d’un périmètre quelque soit sa taille (un quartier, une ville...). Cette configuration des informations spatiales offre une condition nécessaire pour l’invention de nouvelles routes ou de nouveaux liens. Elle permet les détours, la création de nouveaux trajets, la localisation d’une ville sur un plan...

En fin de compte, la dénomination du concept « Cartes Cognitives » restant imprécise, on peut considérer cette troisième forme représentationnelle spatiale de «type survey» comme une troisième Carte Cognitive. D’après la conceptualisation de PASSINI, les Cartes Cognitives sont sources d’information utilisées dans le processus de décision, car c’est à partir de nos images que l’on peut anticiper, raisonner et décider. Ainsi, plus une Carte Cognitive est étoffée d’images, de connexions d’images, et de précisions spatiales plus des inférences pourront être effectuées.