3-2-2 La planification via les consignes

Lorsque l’individu n’est pas familier de l’environnement dans lequel il circule, il se munit d’indications soit extraites d’un plan soit extraites d’une description d’itinéraire. Ce sont des consignes écrites qui offrent un mode d’emploi de l’espace. Elles représentent des aides à la planification. ‘ « Les procédures écrites ont généralement pour but d’éviter à l’utilisateur une activité de planification pour qu’il puisse les mettre en œuvre immédiatement » (HOC, 1987, p. 153)

Différentes études ont porté sur les consignes notamment, celles de WEILL-WASSINA (1980) et montrent la difficile interprétation. Au-delà du fait qu’elles ne sont pas toujours appropriées, les notices ne peuvent prévoir l’information qui permettrait de répondre à tous les cas particuliers. En réalité, il arrive très souvent que l’utilisateur croyant suivre la procédure, agisse autrement que ce qui est normalement attendu, de sorte qu’il se trouve très fréquemment devant des situations imprévues, sur lesquelles il n’y a pas d’information explicite dans la notice. Une autre source de difficulté, plus fondamentale, est la demande d’inférences pour pouvoir être appliquée aux contextes spécifiques dans lesquels peut se trouver chaque lecteur. Le lecteur cherche à particulariser la situation, c’est pourquoi des inférences vont être déclenchées.

Pour ces raisons, les notices induisent des hésitations et donc des relectures. L’étude de VERMERSCH (1982) montre à ce propos qu’une recette de cuisine est lue en saccade, en cours d’action ou à la fin d’une action. L’auteur suppose que les fréquentes interruptions (vers des instructions) recouvrent en fait des recherches et décisions d’actions. VERMERSCH (1985) considère que le caractère fragmenté de la conduite est une atomisation de l’action, le critère utilisé par l’auteur pour distinguer les actions qui constituent ces composantes est le fait que les actions sont enchaînées ou non : deux actions sont considérées comme non-enchaînées si entre les deux le sujet a consulté la notice au moins une fois. VERMERSCH constate que ‘ « pas un seul sujet n’a réalisé l’opération d’un seul trait » (1982, p.442) ’. Cette fragmentation résulte selon RICHARD (1990) de la nécessité de construire des sous-buts en mémoire de travail. Si certains viennent directement de la MLT d’autres apparaissent en fonction de la situation et des prérequis.

Dans l’activité de wayfinding, la vérification des instructions concerne l’association de l’action au lieu : « Je vérifie où je dois tourner » Le nombre de vérifications des instructions sera dépendant du nombre de changements de directions jusqu’au but. Un trop grand nombre de changements risque d’entraîner une surcharge de la mémoire de travail. Autrement, ne sera maintenu en mémoire de travail qu’un nombre limité de changements de direction ou décisions - entre trois et quatre -. Ces décisions se succèdent mais ne se regroupent pas : tant que l’on n’a pas atteint un premier but, on ne peut atteindre le second (à moins d’avoir réalisé un détour).

Dans les études présentées, les notices écrites sont construites sur la base de mots et/ou de dessins. Les informations liées à la résolution d’un problème spatial peuvent être exprimées autrement. Nous verrons dans le chapitre suivant les différentes possibilités de communicabilité de l’espace. Le langage verbal reste la forme universelle pour informer, définir, expliquer, mais il peut être complété, voire remplacé par le graphisme, comme le dessin, et il peut devenir analogique à l’objet réel grâce à la photographie. Actuellement, beaucoup d’études sont réalisées sur l’amélioration de la transmission de l’information mais très peu osent utiliser la photographie comme support d’aide au guidage. Nous concluons cette partie théorique sur une présentation - non exhaustive- des différents moyens d’aide à l’orientation qui nous conduira vers une réflexion sur l’amélioration que nous pouvons y apporter.