8-3 Evaluation des systèmes de guidage par mise en relation des stratégies visuelles et des erreurs

L’association des deux paramètres, les durées de regard et le nombre d’erreurs, soulève une nouvelle hypothèse dans la comparaison des systèmes. En effet, nous avons constaté précédemment que les sujets avec le système Symbolique regardaient moins longtemps l’écran que les sujets avec le système Figuratif et parallèlement enregistraient moins d’erreurs essentiellement lors du second trajet. Nous supposons conséquemment que les sujets dotés d’un système très simple, d’un point de vue graphique, ne sont pas encouragés à le regarder plus qu’il n’est nécessaire. Leurs regards portent alors préférentiellement sur l’environnement extérieur. De cette manière, ils observent l’environnement et portent leur attention sur des éléments physiques situés dans le contexte réel de la situation. En revanche, les sujets avec le système Figuratif ont leurs regards déviés du contexte routier car ils sont occupés à scruter l’image du carrefour sur l’écran avec des dimensions naturellement réduites. Ces automobilistes perdent une dimension : la réalité.

Ainsi, la durée des regards au carrefour, notamment au feu ou au sens giratoire de circulation, peut prédire du risque d’erreur ou non au second passage.

Les tests de régression linéaire ont été appliqués à partir de données globales puis de données spécifiques. Les données globales correspondent à l’ensemble des observations tandis que les données spécifiques extirpent certaines observations de l’ensemble. Ainsi, nous avons associé les durées totales de regard avec le nombre total des erreurs du second trajet, puis nous avons isolé les données des carrefours à feux et celles des carrefours avec un sens giratoire (ces deux types de carrefour enregistrent des temps moyens de regard excessivement longs)(tableau 8-2).

Comme le R2 de chaque test est inférieur à 1 (respectivement R2 = 0.0124, R2 = 0.00861,

R2 = 0.1525), nous en déduisons que l’absence de corrélations s’explique soit par la prise en compte de situations trop variées soit par des comportements opposés, notamment entre les sujets du groupe du système Symbolique et du système Figuratif.

Par conséquent, de nouvelles régressions linéaires ont été effectuées en isolant les deux groupes. Pour chaque groupe, la relation entre les durées de regard et les erreurs a été testée sur l’ensemble du trajet, uniquement aux carrefours à feux et finalement aux carrefours avec un sens giratoire.

 
Trajet total C. avec feux C. avec giratoire
Erreurs T2 Erreurs T2’ Erreurs T2 Erreurs T2
Symbolique 0.0618 0.0531 0.0123 0.0559
Figuratif 0.0054 0.0196 0.0623 0.0218
 

En définitive, la durée de regard ne peut prédire le risque d’erreurs.

Les temps de regard vers l’écran sont longs compte tenu de la situation. Cependant, les regards déviés de la scène routière ne constituent pas, finalement, un obstacle à la prise d’information dans l’environnement.