9-1 Classement des descriptions d’itinéraires

Afin de vérifier la congruité des descriptions, nous les avons comparées à une description standard (annexe 8 ) Nous avons rapidement constaté des variabilités énormes entre les productions des sujets tant sur l’exactitude que sur la richesse des repères ou des indications. Avant de donner des conclusions hâtives, il faut préciser que cette variabilité est fonction du nombre d’erreurs effectuées lors du second trajet. Plus le nombre d’erreurs est élevé, plus l’explication est approximative, confuse, et incohérente. Plus les erreurs sont nombreuses, plus la difficulté à se remémorer le trajet de façon linéaire et chronologique augmente. Une erreur a occasionné un demi-tour ou un détour qui est parfois relativement important, notamment en centre-ville. Ces déviations présagent des perturbations représentationnelles sur l’ensemble du trajet. Il est clair que les erreurs commises et les déviations associées vont profondément désorganiser et perturber le rappel -écrit- du trajet.

En revanche, un second passage réalisé sans erreurs peut renforcer, sensiblement, l’encodage des repères et des segments routiers de la représentation interne spatiale.

Irrémédiablement, le classement des descriptions tient compte à la fois du facteur « erreur » et de l’exactitude de chaque description par rapport à la description standard.

Nous avons procédé de la façon suivante :

Nous avons répertorié les 22 changements de direction dans un tableau en leur associant un repère, afin de définir soigneusement la chronologie des carrefours. Chaque description des sujets fut analysée et segmentée en suivant les commentaires sur les carrefours avec ou pas de changement de direction. Elles furent ensuite étalonnées à la définition standard.

Les meilleures explications sont fonctionnelles car tous les changements de direction -ou presque- sont annoncés et complétés par une information environnementale. Les informations sont de type « route », c’est-à-dire qu’elles font essentiellement référence aux éléments de la route (panneau de signalisation et directions). Pour certaines intersections, les descripteurs se sont contentés de donner uniquement le sens de direction. Nous pensions que les sujets donneraient davantage de repères « architecturaux », c'est-à-dire des repères appartenant au décor riverain.

Quant aux explications (très) médiocres, elles sont inutilisables ! Il semblerait que le manque de linéarité et d’enchaînement entre les carrefours générerait une forme de désordre irréversible en terme de représentation du trajet. En tout cas, les productions reflètent ce désordre par l’évocation clignotante d’éléments isolés : une enfilade de repères avec ou pas un seul segment de route évoqué. Les sujets se révèlent même incapables d’évoquer le début ou la fin du parcours.