9-2 Catégorisation : les expressions nominales

Après le qualitatif, nous allons développer l’analyse de façon quantitative en nous inspirant des travaux de GRYL (1995). Dans sa partie méthodologique, elle nous montre comment elle a catégorisé les descriptions d’itinéraire de piétons à partir d’un environnement naturel. Dans sa thèse, elle distingue donc les expressions verbales et les expressions nominales, ceci en référence aux travaux de DENIS (1994). DENIS considère, dans son analyse des composants du discours descriptif, que deux éléments peuvent être distingués dans ce type de discours : les repères et les actions. Nous retiendrons, par conséquent, cette distinction afin de classer les éléments retenus par les sujets au moment de l’évocation du trajet.

Dans le but de vérifier l’hypothèse selon laquelle nous estimons que l’image de type photographique peut aider à mieux mémoriser un parcours grâce à la présence des repères, nous allons quantifier les points de repères des descriptions d’itinéraire. Pour rappel, nous supposons que la photographie permet une meilleure imprégnation de son environnement car invite l’utilisateur à contrôler certains repères de son environnement au moment où il va changer de direction.

Les expressions nominales

Contrairement à GRYL, nous allons prioritairement nous intéresser aux expressions nominales pour les raisons évoquées précédemment.

Selon GRYL, la catégorisation des expressions nominales fait appel à la fonction et à la géométrie des objets ; ce sont les noms, les noms propres et les expressions employées pour décrire un objet de l’environnement utilisé dans une description d’itinéraire (…). Toutes les expressions nominales considérées désignent un repère.

Certains repères ont un caractère unique car ils font référence à des évènements (« un cycliste m’a coupé la route »). Ils appartiennent à notre mémoire épisodique. GRYL a éliminé ce groupe de repère, nous en ferons de même. En effet, nous ne pouvons pas les prendre en compte, car ils n’appartiennent pas à une culture générale et commune ils sont un événement de l’ordre affectif. Par ailleurs, dans notre étude nous aurions pu les prendre en considération, or très peu de sujets les ont annotées, c’est pourquoi nous ne les comptabiliserons pas.

Après avoir listé tous les repères évoqués par les sujets, nous les avons classés par catégorie. La liste des repères (voir tableau) nous permet de découvrir la richesse et la variabilité des désignations. Nous les avons ensuite regroupés selon deux catégories principales :

la structure routière,

la structure architecturale.

La structure routière est composée des voies, des équipements routiers et du matériel urbain. Les voies sont les artères, petites ou grandes, urbaines ou rurales. Elle correspond dans cette étude à l’ensemble des éléments qui permettent de décrire la route et ce qui lui est proche : éléments qui décrivent la route (pente, descente, petit ou grande, bordée d’arbres), des aménagements (les ronds-points, les travaux ou autres détails), les équipements routiers (les feux, la signalisation directionnelle, les céder-le-passage).

Remarque : Bien que le terme générique « carrefour » soit abondamment employé dans les descriptions, nous ne l’avons pas exploité. Il guide l’explication tel un support linguistique pour identifier une zone avec ou non un changement de direction.

La structure architecturale correspond, d’une façon générale, à des repères qui sont extérieures à la route. Il s’agit d’éléments de l’environnement bâti qui peuvent être distingués selon leur fonction : bâtiments administratifs, d’éducation, immeubles d’habitation. Nous avons affiné ces catégories en particularisant certains repères qui font référence précisément à des carrefours du trajet expérimental : « le mur » (qui est celui du carrefour15), « bâtiment bizarre » (bâtiment moderne du carrefour 8 ?), « pont » (carrefour 18)…

Voici d’autres exemples de repère architecturaux :

Autoroute/rocade 19 …Lotissement/résidences…Station service…Mairie…Chemin de fer…

concessionnaire RENAULT...Magasins/ bar…Affiches…Centre scolaire et sportif…

Notes
19.

Nous avons classé «l’autoroute-rocade » dans la catégorie repère architectural car les sujets ne la rencontrent qu’une seule fois : elle passe sous l’un des ronds-points. Comme les sujets n’ont pas emprunté cette voie rapide, elle ne peut pas être considérée comme un repère routier. Elle appartient à l’environnement extra-routier.