11-1-2 Comparaison des stratégies visuelles entre les systèmes

11-1-2-1 Comparaison des durées de regard

Le système Figuratif avec des photographies est plus demandeur en ressources visuelles de façon significative que le système Symbolique. Avec les durées relatives au temps d’affichage, nous constatons que le système Figuratif sollicite en moyenne 14% du temps de regard du conducteur et le système Symbolique 8% en moyenne. Donc, les sujets avec le système Figuratif regardent plus longtemps, plus d’une fois et demi, les informations sur l’écran que les sujets avec le système Symbolique. Par conséquent, la durée moyenne d’un regard est incontestablement plus courte chez les sujets du système symbolique.

Ce constat va donc à l’encontre de l’une de nos hypothèses qui soutenait l’équivalence de la demande en ressources visuelles des systèmes.

Les sujets des deux systèmes ne se différencient pas en terme de nombre de regards bien que les sujets avec le système Figuratif regardent plus souvent l’information sur l’écran.

Par contre, la stratégie du regard unique est appliquée un peu plus souvent par les utilisateurs du système Figuratif. Par ailleurs, nous avons constaté qu’il n’existait pas de relation entre cette stratégie et le nombre d’erreurs. Par conséquent, il est possible que la stratégie du regard unique, de moins d’une seconde, puisse expliquer certaines erreurs mais les résultats nous démontrent que ce n’est pas une règle générale.

Au final de ces comportements visuels, le système Figuratif ne semble pas être préconisé pour un système de guidage embarqué. Or, il convient de préciser l’effet adventice de la météorologie sur le déroulement de l’expérimentation. En effet, les rayons subreptices du soleil ont incontestablement parasité la lecture des systèmes, principalement celui avec des photographies en couleur.

Le soleil est habituellement perçu comme un bienfaiteur car il véhicule des sensations plutôt plaisantes, cette étoile reste une formidable source de chaleur et également de lumière. Cependant, il peut également entraîner quelques désagréments. Avec ses longs rayons, le soleil est venu chatouiller notre écran sans que nous puissions remédier les conséquences. En constat final, le système Figuratif a été le plus pénalisé à cause d’une qualité d’image médiocre. Parmi les sujets, certains ont été importunés de façon constante alors que d’autres l’ont été ponctuellement mais parfois plus forte (en raison des caprices du soleil). Nous avons remodelé le groupe du système Figuratif en supprimant donc les données des stratégies visuelles des sujets qui ont eut le plus de difficultés. Il perdure une différence entre le système Symbolique et le système Figuratif malgré les modifications, équitables, apportées.

Il n’empêche, la qualité du système Figuratif n’était pas comparable à celle du système Symbolique à cause de la dégradation des contrastes et ceci pour tous les sujets.

D’autre part, certaines prises de vue des photographies trop éloignées du cœur de l’intersection n’ont pas permis l’accommodation et donc la reconnaissance immédiate des lieux. Cette difficulté serait inhérente aux processus de « mise à l’échelle » qui permet d’ajuster l’orientation et la taille des objets perçus éloignées du spécimen mental. La photographie présente une configuration de carrefour dans un certain format qui active une représentation en mémoire de travail et avec la vitesse du véhicule la scène perçue ne correspond pas exactement à la scène représentée. En outre, plus l’objet s’éloigne du spécimen interne, plus le temps d’identification devrait être long (PALMER, ROSCH et CHASE, 1981).

Par conséquent, une prise de vue rapprochée du carrefour pourrait résoudre le problème, néanmoins cette solution évince le contexte spatial et urbain du carrefour et donc la proposition visuelle de repères.

Par ailleurs, l’accommodation est également rendue difficile par la vitesse du véhicule et les contraintes de la situation de conduite car l’automobiliste ne peut pas s’arrêter pour regarder l’écran contrairement à un piéton ! En raison de la situation dynamique de la conduite d’un véhicule, l’information spatiale transmise à partir d’un écran doit être synthétique tout en tenant compte de la complexité de l’environnement.