11-3-3 Les erreurs des descriptions d’itinéraire

11-3-3-1 Analyse sur le corpus global

Pour tous les sujets confondus, les éléments de la route sont plus fortement représentés que les éléments architecturaux. Ceci n’est pas étonnant puisque l’angle de vision du conducteur se réduit à ce qui se trouve devant le véhicule, il voit essentiellement la route et ce qui se passe sur celle-ci. BAILLY (1977) soulignait que ‘ « lorsqu’il s’agit de décrire les objets identifiés le long du trajet, plus de la moitié et moins des deux tiers des impressions, suivant les routes, proviennent d’éléments situés devant l’automobiliste » ’. En effet, plus les objets sont proches de la voie, mieux ils seront identifiés, c’est pourquoi la qualité de la surface, les accotements, les panneaux indicateurs sont des caractéristiques souvent mentionnées. Dans les descriptions des sujets, les ronds-points et les feux sont très fréquemment évoqués. Le fait qu’ils rythment le trajet peut expliquer leur fréquence. Quant aux « informations de direction », elles sont moins souvent rappelées que les « caractéristiques de la route » et les « repères architecturaux » (ces deux dernières catégories regroupent des éléments relativement diversifiés).

Dans un objectif de comparaison entre les deux systèmes, il apparaît que les sujets avec le système Symbolique rappellent une plus grande quantité de repères que les sujets avec le système Figuratif. La différence s’avère plus importante dans la catégorie « éléments routiers ». Les utilisateurs du système Symbolique les citent deux fois (rond-point et indices urbains) à trois fois (feux et signalisation) plus souvent que les utilisateurs du système Figuratif.

Pour les éléments architecturaux, l’écart s’estompe entre les deux groupes bien que la supériorité revienne encore au système Symbolique.

A la vue de ces résultats, il semblerait que le système Symbolique soit plus performant en terme d’aide à la mémorisation de trajet. L’aide n’est certainement pas directe, il s’agirait plutôt d’une influence au niveau attentionnel. Le système Symbolique, plus simple, libérerait régulièrement et plus longtemps l’attention du conducteur. De ce fait, le conducteur oriente automatiquement son regard vers la scène routière ce qui lui permet d’en prélever un grand nombre d’informations soit très spécifiques (repères) soit globales (contexte). Nous n’avons pas pu, malheureusement, confirmer l’hypothèse selon laquelle le nombre d’erreurs du second trajet est dépendant de la durée des regards vers l’écran. Ces derniers résultats vont pourtant dans le même sens que cette hypothèse ; Ils réveillent l’idée que le prélèvement visuel des indications extraites de l’écran du système Figuratif prive le fonctionnement cognitif d’une imprégnation de l’environnement urbain et routier.

En d’autres termes, le système Figuratif se révèle insuffisant pour fournir l’information nécessaire à la mémorisation. Elle ne pallie pas l’information réelle, contextuelle de la situation contrairement à ce que nous supposions.

Toutefois, cette conclusion restera à l’état de conjecture car la différence entre les deux systèmes, sur le plan des descriptions d’itinéraire, est fortement influencée pat le nombre d’erreurs effectué lors du second trajet. Nous avons vu que plus le nombre d’erreurs augmente, plus la description est désordonnée et pauvre. Il faut rappeler ici que les utilisateurs du système Figuratif accusent le plus grand nombre d’erreurs durant le parcours ; ce qui signifie que la différence des descriptions en terme quantitatif est donc vigoureusement liée à la qualité de l’explication.