11-3-3-2 Analyse sur un corpus réduit

Afin de vérifier l’effet du système de guidage sur la représentation de l’itinéraire, nous avons comparé les sujets avec les meilleures performances au second trajet réalisé de mémoire. Ces sujets ont commis moins de deux erreurs ce qui leur permet de conserver une représentation « type route » de l’itinéraire suffisamment correcte. Nous constatons que les indices routiers (rond-point, feu tricolore, panneau…) sont cités aussi souvent dans les deux groupes, en revanche les points de repères environnementaux sont plus nombreux dans les descriptions des participants appartenant au groupe système Symbolique (en moyenne 6.67) que dans celles des participants du système Figuratif (en moyenne 1.67). Aux regards de ces résultats, on peut se demander s’il ne faut pas tenir compte de l’influence des caractéristiques personnelles des descripteurs. Or, il se trouve que sur les six sujets, cinq ont un niveau d’études supérieures, un seul du groupe Symbolique n’a pas le baccalauréat 22 . Par ailleurs, les répartitions entre les capacités d’imagerie sont équitables puisque deux sujets sur trois, dans chaque groupe, ont des capacités supérieures. De plus, la consigne insistait sur le fait que la description devait contenir des points de repères, pour que les sujets soient sensibilisés de la même manière à la pris en compte de ces éléments.

Compte tenu de ces remarques, nous pouvons en conclure que le système Figuratif ne favorise pas l’imprégnation des éléments spatiaux puisque ce sont les sujets du système Symbolique qui se souviennent significativement d’un plus grand nombre de repères extérieurs à la route ce qui laisse supposer que ces sujets ont pu « observer » l’environnement durant le trajet contrairement aux sujets avec le système Figuratif. La simplicité du système Symbolique a conduit les utilisateurs à inspecter le contexte de leur trajet.

Sur un plan plus général, nous pouvons en conclure que les éléments descriptifs, appartenant à la scène visuelle routière, sont mieux retenus. Ils sont sans doute plus faciles à remémorer car ils appartiennent à notre champ visuel direct lors de l’activité de conduite. Cet environnement immédiat constitue un stimulus spatial tel qu’un point d’ancrage du changement de direction.

Dans son étude sur les chauffeurs de taxi, PAILHOUS (1969, p.107) posait une question sur le comportement d’orientation dans un labyrinthe appliqué au rat : ‘ « Est-elle (l’orientation) fondée sur le renforcement des réactions propres de l’animal (schéma S-R) ou bien sur celui des stimuli de l’environnement jalonnant le parcours correct (schéma S-S) ? » ’ Il fait l’analogie entre les chauffeurs de taxi dans le labyrinthe urbain et les rats et il reprend la complémentarité entre des repères lointains et proches car les deux sont nécessaires par renforcement concomitant pour assurer la performance. Dans notre étude, nous avons constaté que les repères lointains sont principalement évoqués quand il existe des distorsions représentationnelles de l’organisation du trajet. Lorsque les sujets ne peuvent plus rappeler la séquentialité du trajet, ils ne conservent que des éléments spatiaux isolés.

L’itinéraire est constitué de séquences de vues locales où la spatialité de l’information est importante que si elle e un lien direct avec la procédure.

Notes
22.

Nous préciserons qu’il existe une différence significative entre le niveau de formation et la qualité du rappel (khi2=6.099, ddl=1, p<0.017). En d’autres termes, plus le niveau d’étude est élevé, meilleure sera la description d’itinéraire. Ce résultat étant certainement une conséquence au fait que les sujets qui ont commis le plus d’erreurs au second parcours ont un niveau inférieur au baccalauréat.