19-1-4 Cidade Universitária

Cidade Universitária est aussi complexe que la correspondance précédente à la différence que la difficulté est due à l’agencement de la station de métro (35 sujets sur 40 ont hésité). En effet, cette station est construite sur quatre étages avec des sorties à des niveaux différents. Toutefois, la source de fourvoiement vient de la difficulté à identifier les sorties car celle du premier niveau est isolée par un couloir. Il s’agit de la sortie C.

Pour atteindre les deux autres, il faut accéder aux étages supérieurs mais la signalétique ne l’annonce pas clairement. De plus, sur les fiches, nous avions nommé la sortie par la lettre « A ». Près de chaque sortie, un panneau est suspendu représentant un schéma de la station avec la sortie, celle-ci est représentée et identifiée par une lettre (ces panneaux sont certes un peu surannés mais les lettres restent distinctes). Or, il s'avère que l'appellation des sorties est désuète et la signalétique moderne n’y fait plus référence. Ce détail, pourtant important, n’avait pas été relevé au moment de la création des fiches.

Suite à l’expérimentation, il apparaît que les sujets ont prioritairement recherché la sortie avec la lettre A, en négligeant les autres consignes. Comme cette appellation n’apparaît pas dans la partie centrale de la station, les sujets se sont engagés dans le couloir menant vers la sortie C.

Contrairement aux indications « prendre à gauche » des fiches, ils ont tourné à droite. À cause du flou informationel, les sujets ont dû réagir en fonction des déterminants spatiaux. On peut avancer que la conduite des sujets est très probablement influencée par l’organisation environnementale. Le degré de la différenciation architecturale entre les différentes zones d’un bâtiment peut aider l’orientation (WEISMAN, 1981). Dans le cas de Cidade, la zone centrale de la station, de forme rectangulaire, est connectée à l’espace urbain par les parties latérales (voir figure 16-9).

D’un côté, un long couloir, parfaitement différencié, laisse deviner un passage menant à l’extérieur ; ce qui est le cas, puisqu’il s’agit de la sortie C.

À l’opposé, les sujets peuvent accéder aux sorties A et B. Cependant, l’accès n’est pas immédiatement perceptible de la zone centrale. Cette impression « trompe-l’œil » est renforcée par l’installation d’une « terrasse » de café avec quelques chaises et tables. Or, cet espace n’est que la partie visible d’un couloir. Celui-ci est agrémenté d’un escalier qui mène au troisième étage de la station. C’est seulement à partir de ce niveau que les voyageurs peuvent prendre les sorties A ou B.

L’observation des comportements d’orientation dans cette situation nous permet de vérifier la prédominance de l’influence architecturale sur les indications données par la signalétique car il existe dans la partie centrale une signalétique annonçant les différentes sorties.

Ces remarques justifient les pourcentages élevés d’erreurs réalisées à la sortie C avec en corollaire de nombreuses hésitations. Ces pourcentages sont croissants entre les trois fiches Texte, Figuratif et Plan. Dans cette station, une explication sous forme textuelle semble la mieux adaptée. La solution évidente est d’insister sur les nouveaux noms des sorties !

Une fois à l'extérieur de la station, les sujets avec le Texte ont rencontré manifestement très peu de difficulté à trouver l’arrêt de bus. Le trajet est simple, il suffit d'atteindre le premier arrêt de bus qui est sur le même trottoir (voir figure 16-9). La photographie du Figuratif a été victime d'un double langage car la flèche qui pointe l'arrêt de bus peut également suggérer de traverser la rue (voir photo n°6 de l'annexe 13). Quatre sujets l’ont interprétée de cette façon. Les sujets avec le Plan se sont égarés à cause de la difficulté à aligner le plan avec la scène réelle. Un seul sujet est allé dans la bonne direction mais avec l’idée d’atteindre un arrêt plus éloigné.