II.1.1.2 Les prémices de l'Antiquité au Moyen-Age : la musique comme stimulant

Les premières recherches connues qu'on peut qualifier de scientifiques portent en effet sur le comportement des cordes vibrantes en relation avec les sons qu'elles émettent. Ces premières analyses datent de l'école pythagoricienne (VIe siècle avant JC) avec en particulier le premier ouvrage connu d'acoustique Harmonique par Aristoxène à la fin du IVe siècle avant JC. La notion de gamme, en relation étroite avec des rapports numériques des longueurs des cordes ou des flûtes, est élaborée à une époque qui porte beaucoup d'attention aux nombres. C'est aussi de cette époque que datent les premières mises en relation du caractère aigu d'un son et de la fréquence de vibration d'une corde (Archytas de Tarente) (Ronan, 1988). L'intérêt porté aux instruments et les progrès de ce qu'on appellerait aujourd'hui l'acoustique musicale s'accompagnent tout naturellement de progrès importants dans la fabrication des instruments (les premiers orgues datent du premier siècle avant JC à Alexandrie). Il ne faut pas oublier non plus dans le domaine purement technique le savoir-faire assez remarquable dans l'antiquité quant à l'acoustique des lieux de spectacles. Si les premières recherches sont donc d'abord motivées par une certaine compréhension et amélioration de l'esthétique musicale, il n'en reste pas moins que la nature ondulatoire du son est également avancée durant cette période. Le rapprochement avec les ondes à la surface de l'eau date en particulier de cette époque. Si l'on peut discuter, au regard de ce que l'on sait aujourd'hui du caractère de preuve des arguments avancés à l'époque pour affirmer que le son est une onde, il faut au moins reconnaître la référence à des analogies avec d'autres phénomènes ondulatoires et le fait que l'on cherche déjà à comprendre le déplacement du son. Aristote, en particulier, voit la source comme "poussant vers l'avant l'air contigu de telle manière que le son voyage..." (cité par l'encyclopédie Universalis) et observe que les sons aigus vont à la même vitesse que les sons graves. Enfin, concernant cette période de l'Antiquité, il ne faut pas oublier les développements qui eurent lieu en Chine, motivés également semblent-ils par un souci premier esthétique, et portant davantage sur la relation entre les sons (sons qui vibrent en résonance) que sur des sons isolés (Ronan, 1988).

L'acoustique, qui est alors suffisamment développée pour bénéficier d'une reconnaissance en tant que domaine scientifique, est vue comme une discipline majeure au Moyen-Age. Même si elle apparaît plutôt sous le terme de musique, elle fait partie à cette époque du Quadrivium (avec l'arithmétique, la géométrie et l'astronomie), base de l'enseignement scientifique dans les universités. Paradoxalement ce statut ne va pas contribuer à son essor mais en faire plutôt un objet figé. Il faudra attendre le début du 17e siècle pour assister à un nouvel élan dans la discipline. On attribue généralement au père Marin Mersenne (1588-1648) ce renouveau (certains disent même la naissance) de l'acoustique.