II.2.2.1 Un phénomène commun

Il n'est pas nécessaire de s'attacher à montrer que les phénomènes sonores sont communs. Ce caractère évident de l'environnement sonore ne doit pas pour autant être mis entre parenthèse dans notre travail. Nous verrons en particulier comment ces "évidences sonores", ces faits bruts (Guillaud, 1998) peuvent influencer le traitement des situations sonores proposées à l'étude dans un contexte d'apprentissage. On a décrit sommairement quels aspects de la notion de son la physique s'approprie pour en faire un concept scientifique. On a vu en particulier que les situations d'étude de la physique peuvent alors considérablement s'éloigner du quotidien sonore, fait de bruits urbains, de musique ou encore de paroles. Cependant, il est indéniable que s'intéresser au son, du point de vue de la physique, c'est aussi essayer de comprendre les mécanismes sonores de l'environnement humain. La physique a donc là un moyen pas si fréquent de fournir des outils pour interpréter, décrire et mieux comprendre un champ empirique largement partagé. Le sujet peut donc être relativement facilement légitimé par rapport à la société même si cette familiarité des phénomènes sonores ne suffit pas pour ceci. L'Union des Physiciens, qui a par nature des soucis didactiques, puisqu'elle est une association d'enseignants de la discipline, ne se prive pas de mentionner cet aspect du son pour justifier la présence d'un tel sujet dans l'enseignement général (Velay, 1994).

Cette familiarité avec les phénomènes étudiés peut aussi devenir une arme de séduction pour la discipline. La motivation des élèves peut dans certains cas être obtenue en leur proposant l'étude de phénomènes qui leur paraissent quotidiens (ou qui implique des objets quotidiens, voir plus loin). Sans dévoiler davantage le programme actuel sur ce sujet, nous pouvons constater que ce fut un argument de la noosphère pour présenter ce sujet dans les programmes de seconde de 1993 et que les élèves, d'après les enseignants, paraissent effectivement intéressés (Lestrade et al., 1996).

Brian Foley (1995), avant d'élaborer un contenu d'enseignement, a demandé à ses élèves les sujets dont ils aimeraient traiter en relation avec le son. Les sujets évoqués sont essentiellement la musique, les instruments, les problèmes d'isolation phonique, d'échos et de réverbération. Il n'y a pas de raison que les intérêts des élèves soient très différents en France.

Nous allons voir dans ce qui suit ce que la société occidentale d'une part peut reconnaître comme un savoir utile mais aussi en quoi la science et la physique scolaires, d'autre part, peuvent voir un intérêt à l'apprentissage de savoirs de ce domaine.