II.2.2.2 Une sensibilisation aux nuisances sonores

Les nuisances sonores sont les nuisances principales ressenties par les Français, particulièrement en ville (d'après une enquête de l'INSEE de janvier 1996 citée par Baudot (1998), qui révèle en particulier que 40% des français et 56% des parisiens sont gênés par le bruit). Il s'agit donc bien d'un problème majeur pris en charge par les pouvoirs publics et en particulier par le Ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire (cf. discours de clôture des assises de l'environnement sonore prononcé le 17 décembre 1998 par la ministre concernée, D. Voynet). La difficulté de résorption de ces nuisances tient d'une part à la variété des situations (bruit routier, aérien, ferroviaire, bruit de voisinage, bruit de lieux musicaux...), d'autre part au caractère souvent privé des situations dans lesquelles les pouvoirs publics peuvent dans certains cas difficilement intervenir. Il paraît donc essentiel d'informer (et de former) le citoyen qui est et sera toujours d'une part générateur de bruit, d'autre part exposé au bruit. Il faut donc dans un premier temps responsabiliser en donnant les moyens de comprendre pourquoi il y a gêne pour autrui et comment la diminuer à la source, et dans un second temps donner les moyens pour envisager de se protéger soi-même des nuisances. Il en va d'une meilleure gestion de l'environnement mais également de la capacité à choisir ou critiquer des dispositifs d'isolation phonique par exemple.

Enfin, il ne faut pas négliger la formation d'ordre sanitaire au sujet des atteintes physiologiques ou psychologiques que peuvent causer les bruits trop forts (concerts, casque fournissant des signaux de haut niveau...). Sensibiliser aux risques encourus, exercer une certaine vigilance à ce sujet (y compris en milieu professionnel), envisager les remédiations appropriées peuvent être considérés comme essentiels à la formation du citoyen.

Pour ces raisons, enseigner l'acoustique en classe de physique peut se justifier. Mais les savoirs en jeu sont très éloignés de ceux de la physique savante sur le sujet. Par exemple, on sait maintenant que les mesures en décibels, aussi précises qu'elles soient, ne suffisent pas à rendre compte de la quantification des gênes8. Il est facile d'imaginer que certains des savoirs en jeu soient revendiqués par d'autres disciplines (en particulier les sciences de la vie et de la terre pour les aspects sanitaires ou l'éducation civique pour les aspects légaux sur les nuisances). Si la société peut donc légitimement considérer que ces savoirs doivent être possédés par tout citoyen, la responsabilité de leur enseignement ne revient pas de droit à la physique scolaire, comme c'est cependant le cas actuellement, au prix d'un écart supplémentaire par rapport au savoir savant.

Notes
8.

Il est maintenant absolument nécessaire de prendre en compte les ambiances et environnements sonores.