II.2.3.2 Contraintes matérielles

Nous ne revenons pas ici sur les difficultés traditionnelles rencontrées pour présenter des animations dans des séquences d'enseignement. Il s'agit juste pour nous dans ce paragraphe de prendre en compte le matériel d'acoustique présent dans les institutions scolaires (et les différences ou similitudes qui peuvent éventuellement exister avec le matériel utilisé par le physicien faisant de l'acoustique). Cet aspect des choses vient bien sûr en aval des savoirs qui vivent dans les différentes niches. Par exemple, le physicien utilise abondamment l'analyse de Fourrier et utilise pour ceci des outils informatiques de plus en plus puissants. A l'école, en revanche, l'ordinateur n'est pas pour l'acoustique l'instrument essentiel (même s'il est normalement et de plus en plus utilisé). Il sera davantage fait appel à un oscilloscope, plus portable, qui permet d'observer des signaux au cours du temps. De façon générale, les capteurs et les moyens de mesure peuvent être très différents d'une institution à l'autre. Le physicien utilise des capteurs de pression (parfois en nombre important pour avoir une "image" du champ de pression avec une résolution optimale), alors que l'objet récepteur le plus commun pour le savoir à enseigner est le microphone qui n'est pas toujours un capteur de pression, et qui, quoi qu'il en soit est souvent utilisé seul.

Le milieu étudié est prioritairement l'air, pour des raisons évidentes de réalisations pratiques des expériences en classe. Ceci n'exclut pas les expériences avec un autre milieu de propagation lorsque celui-ci est l'objet de l'expérience.

Signalons également comme contrainte liée à l'organisation matériel de l'enseignement la possibilité souhaitable d'expériences réalisées dans une même pièce par plusieurs élèves (travail à deux ou en petit groupe), ce qui n'est pas sans poser problème puisque l'écoute ou les mesures sont "polluées" ou perturbées par les voisins. L'enseignement prend alors pour habitude d'utiliser des émetteurs et récepteurs ultrasonores (il suffit pour se convaincre de cela d'observer la collection de laboratoire de physique de n'importe quel lycée français ou de feuilleter un catalogue de matériel pédagogique, pas forcément récent). Il n'y a plus d'écoute possible (!) mais la "pollution" disparaît aussi. De plus les ultrasons permettent de faire de l'acoustique géométrique dans des conditions correctes puisque les faisceaux sont dès lors plus directifs que dans le cas des sons. On peut voir cette présence des ultrasons dans l'enseignement au sujet du son comme un effet de légitimation vis-à-vis du savoir savant qui minimise lui la différence entre sons et ultrasons.