II.3.1.2 Contexte, place du son dans le programme

Sans entrer davantage dans le détail de chaque partie du programme, il est intéressant de remarquer qu'à partir d'une motivation légitime, qui est aussi une contrainte sociale, au sujet des objets et phénomènes quotidiens sonores et lumineux, une partie d'électricité fasse son apparition. Il y a là implicitement un indice que lorsque la physique traite d'acoustique (ou d'optique), elle utilise des appareils électriques. Mais une telle utilisation ne nécessite pas forcément de posséder les savoirs présents dans la partie "électricité" du programme. L'appareillage électrique, lien invoqué pour faire ici de l'électricité (amplificateur, émetteurs et récepteurs sonores électriques, sources de lumière électriques), constitue de notre point de vue un alibi pour "faire de l'électricité". Cette activité paraît indispensable aux institutions savantes pour un enseignement de physique au secondaire. De plus, elle apparaît nécessaire pour la suite éventuelle du cursus secondaire (contrainte évoquée en II.2.3.3). La pratique enseignante semble confirmer cette tendance puisqu'une grande majorité d'enseignants y consacre plus de temps que ce qui est conseillé par le programme (Lestrade et al., 1996). Le côté quelque peu factice du lien entre électricité et acoustique est également confirmé par la pratique des enseignants dont quasiment la moitié semble ne pas utiliser la partie "électricité" dans la partie "sons" (Lestrade et al., 1996).

Les intitulés des trois thèmes sont déjà bien plus scientificisés que les motivations pratiques des textes généraux. Ainsi, le groupe de mots du champ quotidien sons, reproduction des sons, musique est devenu "SONS" dans le titre du programme mais débouche surtout sur un thème "sons et ultrasons". Si on met à part les quelques applications pratiques qu'ils induisent (quoique le SONAR et l'échographie ne sont pas forcément reconnus dans la vie quotidienne comme mettant en oeuvre ces pratiques), les ultrasons s'éloignent déjà du champ quotidien des individus et apparaît comme un terme technique scientifique. Il y a là un premier signe d'un mouvement général bien naturel vu les hypothèses de départ, de l'objet vers la science.

Du point de vue de la répartition de ces trois thèmes, les horaires "prévus" sont les suivants, répartis selon les séances en classe entière et les séances de travaux pratiques :

La partie sur les sons devrait donc couvrir 46% du temps d'enseignement en 2nde, soit presque la moitié. Le temps passé en TP correspond à peu près au même pourcentage de temps total passé en TP.

Notons que l'ordre d'enseignement des trois thèmes n'est pas imposé par le programme. Cependant les commentaires et la présentation effectivement choisie dans le texte suggèrent une progression fidèle à l'ordre que nous venons de donner. Il ne fait par exemple quasiment pas de doute que c'est toujours l'électricité qui est présentée d'abord (elle doit être explicitement un outil pour la partie sur le son). Les deux autres parties peuvent par contre avoir été interverties, pour des raisons matérielles ou de choix personnel de l'enseignant. Nous n'avons pas de chiffres sur ce sujet mais il semble quand même, sans pouvoir le vérifier, que l'ordre du programme est respecté dans la majorité des cas et c'est en tout cas l'hypothèse qui transparaît dans les commentaires du programme. On n'oubliera pas que ces deux parties sont propices aux analogies entre ondes sonores et ondes lumineuses. Le rapprochement n'est effectué explicitement (dans les commentaires) que sur l'aspect ondulatoire ‘("on introduit l'aspect ondulatoire de la lumière en parallèle avec le son (points communs et différences)"’, ainsi que sur milieu matériel, vitesse, longueur d'onde, et nature de la vibration).