Alors que les programmes de seconde sont en vigueur depuis déjà quatre ans, la nomination au printemps 1997 d'un nouveau Ministre de l'éducation Nationale laisse prévoir à plus ou moins long terme une réforme de ces programmes, l'histoire laissant suffisamment d'exemples de réformes suivant rapidement un changement de pouvoir. La prévision d'une refonte des programmes est en effet annoncée dès le mois d'avril 1998. Le Conseil National des programmes est alors chargé de ‘"préparer, en liaison avec les associations de spécialistes de l'enseignement secondaire, les aménagements nécessaire dans l'attente d'une prochaine refonte des programmes"’ 14. De fait, ces nouveaux programmes n'entreront finalement en vigueur qu'à la rentrée 2000 en classe de 2nde, mais des aménagements des programmes en cours prennent effet dès leur publication, fin octobre 1998. Ainsi, sur les sept années d'existence de ce programme, deux auront été concernées par ces contenus allégés. Les allégements peuvent être appliqués en partie seulement (selon le travail déjà effectué dans les deux mois écoulés avant leur publication).
L'objectif affiché par le Ministre est de favoriser la réflexion et la compréhension et de recentrer les programmes ‘"autour des savoirs fondamentaux qui seront ainsi mieux compris et mieux maîtrisés"’ (ibid.). Dans le cas de la physique, ce sont certains manuels qui sont incriminés parce qu'ils auraient chargé les programmes ‘"par la multiplication d'exemples redondants et un développement excessif d'applications technologiques"’. On voit là d'une part comment le savoir à enseigner peut être perturbé par la pratique concrète (voir aussi § II.3.2), d'autre part quelle dérive a pu être engendrée par l'importance donnée aux objets techniques. Ce dernier point est révélateur du difficile équilibre à trouver pour la physique à enseigner entre une science proche du monde matériel quotidien et une science "théorique" et conceptuelle.
L'électricité, peu amputée, est cependant à nouveau présentée comme secondaire par rapport à "l'essentiel (les ondes)". La partie "sons et ultrasons" est lourdement touchée, par allégement ‘"d'un certain nombre de considérations peu précises, peu abordables à ce niveau et non essentielles"’. Nous décrivons ci-après les allégements, sans forcément utiliser des citations littérales :
les analogies ondulatoires (cuves à ondes ou "échelles de perroquet") sont vivement encouragées pour une première approche des notions de fréquence, période longueur d'onde, vitesse de propagation (les "analogies mécaniques" n'étaient auparavant citées que pour illustrer le phénomène de propagation) ;
au sujet du haut-parleur, seule la notion de bande passante est supprimée ;
la rubrique "Interprétation microscopique du son" doit être limitée à l'affirmation que ‘"le son est une oscillation de pression qui se propage"’ (les passages évoquant l'aspect microscopique dans les commentaires sont également supprimés) ;
les calculs liés à la formule reliant vitesse de propagation, longueur d'onde et fréquence sont supprimés mais la relation doit être vérifiée expérimentalement (ceci était déjà suggéré avant les allégements) ;
l'allusion à l'énergie qui se propage de l'émetteur au récepteur est supprimée ;
l'acoustique géométrique est supprimée ;
en acoustique musicale, un bon nombre de points sont supprimés, en particulier le fait de montrer que deux sons différents de même hauteur ont même fréquence fondamentale. Globalement, seule reste à ce sujet l'analyse harmonique à l'aide de l'ordinateur.
Il est donc manifeste que les allégements touchent toutes les sous-parties de la partie "sons et ultrasons". Une analyse critique rapide de ces allégements sera effectuée à la fin de cette partie II.3.
C. Allègre (B.O.E.N. n°12 du 29 octobre 1998, hors-série, p.3)