III.2.2.2 Rôle de la vibration

K. Mazens s'intéresse dans un second temps au rôle attribué à la notion de vibration dans la production des sons. Ceci permet en particulier d'obtenir des informations supplémentaires au sujet d'une hypothétique évolution développementale de la catégorie matière vers la catégorie processus. Dans un premier temps c'est l'émetteur sonore qui constitue la variable des situations proposées. La corde de guitare (dont on fait constater la vibration) est-elle responsable du son ? La table sur laquelle on frappe pour émettre un bruit vibre-t-elle et est-ce le phénomène responsable du bruit ? Le mur sur lequel on frappe pour émettre un bruit vibre-t-il et est-ce le phénomène responsable du bruit ? Les trois-quarts des enfants pensent que la vibration de la corde est responsable du son et le même pourcentage pense que c'est par contre autre chose que la vibration ou le mouvement de la table qui est cause du bruit. La quasi-totalité pense même ainsi pour le mur. On constate une hiérarchie forte entre les situations. La vibration est invoquée le plus facilement pour la corde, puis pour la corde et la table, puis pour les trois situations (cas rares). Si elle l'est pour le mur, elle l'est pour les trois, si elle l'est pour la table alors elle l'est aussi pour la corde. Il est donc remarquable de constater que la vibration n'est pas jugée nécessaire à l'émission sonore. On peut s'accorder avec Mazens sur le fait que la vibration est plus facilement corrélée au son quand elle est visible (surtout dans la mesure où d'autres études confirment ceci (Asoko et al., 1991)) . Il nous paraît cependant important de signaler que les résultats présentés ici peuvent être largement influencés par le type de question (la question pour la corde est nettement différente des deux autres puisque, dans ce cas, on fait remarquer un événement avant de proposer de l'impliquer dans la cause du son). Il est dommage de n'avoir pas eu les résultats aux questions posées au sujet de l'existence de vibration pour la table et le mur. Notons enfin qu'il n'y a pas d'évolution des réponses au cours du développement, ce qui semble confirmé par les études de Asoko et al. (1991) qui ne constatent des évolutions significatives sur ce sujet qu'à partir de 10-11 ans.