III.3.2.1 Aspects macroscopiques

Maurines (1998) remarque au sujet de la propagation du son que le fait que l'eau soit relativement bien acceptée pour permettre le passage du son n'indique pas forcément que le son se propage dans le milieu, au sens où la physique l'entend. Certains élèves indiquent en effet que l'eau permet la transmission du son parce qu'elle peut se déplacer dans son ensemble ou parce qu'elle contient du gaz (point de vue déjà rencontré chez les enfants). Dans le même ordre d'idée, pour les élèves, les solides permettent parfois le passage du son parce que le son se déplacerait à la surface du solide (sans y entrer pour autant).

Dans une contribution majeure à ce sujet, Linder et Erickson (1989) dégagent deux conceptions sur la nature du son et le mécanisme de propagation au niveau macroscopique. Les expériences consistent en des interviews de 10 étudiants canadiens que l'on peut considérer comme confirmés puisqu'ils se préparent à devenir enseignants. Les discussions ont pour support des expériences relativement classiques (manipulation de diapasons, création d'une impulsion sonore devant une bougie...) ou des documents issus de manuels de physique (représentation d'une chaîne de ressort pour illustrer la propagation du son). La classification suivante est une reconstruction des chercheurs, les points de vue macroscopiques et microscopiques n'étant pas forcément séparés dans le discours des étudiants. Les deux types de conception sont les suivants.

  • Le son est une sorte de substance délimitée spatialement se déplaçant avec de l'impetus, souvent constituée d'une portion d'air. Le son serait une sorte de vent ou bien quelque chose d'abstrait et assez mal identifié qui pousserait l'air. L'attribution d'impetus à cet "objet" rend compte des descriptions faites dans le paragraphe précédent (vitesse diminue avec l'amplitude, diminue au cours du déplacement, fusion énergie-amplitude-vitesse...).

  • Le son est une substance qui serait une sorte de perturbation qui se propage. Pour désigner cette perturbation, les étudiants utilisent des termes scientifiques qui ont été rencontrés dans l'enseignement : vibration du milieu, variation de densité, de pression...

Le terrain ne semble donc pas très favorable pour le découplage à faire entre le milieu et l'onde comme concept, découplage nécessaire pour interpréter le transfert de l'information vibratoire. La phénoménologie du son induit une fusion entre le son qui se déplace et ce qui en est forcément le support, le milieu. Le fait que l'on souffle et que l'on émettent des sons par la bouche (invoqué par Piaget), ne semble pas la seule explication à ce qui apparaît comme une conception très résistante à l'enseignement.