VI.4.1.5 Domaine de fonctionnement et limites du modèle

Les activités principales de l'élève liées à l'ensemble du modèle (figure VI.4-1et figure VI.4-2 réunies), que ce soit pour en éprouver le besoin, l'élaborer ou l'utiliser, ont été rapidement décrites. Comme tout modèle, il constitue cependant une description partielle et forcément arbitraire de la réalité. Ainsi, s'il est relativement bien adapté à la présentation des savoirs au programme concernant l'émission sonore et les caractérisations qualitatives de hauteur et d'intensité d'un son, qui constituent finalement son domaine de fonctionnement, il présente inévitablement des limites.

Les contenus du programme ne fournissent pas de cadre explicatif pour interpréter les créations sonores dont l'origine n'est pas une vibration de surfaces matérielles. Le modèle présenté ne le permet pas davantage. Il s'agit là par exemple de toutes les situations où le milieu est mis en vibration par des phénomènes complexes de turbulence qui font l'objet d'études par des mécaniciens des fluides (ces sons vont du son musical de la flûte à bec, au sifflement d'un train qui passe).

Le modèle ne permet pas non plus d'interpréter la variété des sonorités pour une fréquence et une amplitude donnée.

Il est également inopérant pour décrire ce qui se passe dans le milieu de propagation. S'il est indispensable pour se faire une idée de la nature de l'information événementielle à communiquer à un récepteur, pour comprendre ce qui est contenu dans un son qui se propage, il ne permet pas de décrire la façon dont s'opère cette propagation. Ce sera l'objet du modèle que nous présentons par la suite. En conséquence, le modèle de la vibration ne permet pas non plus, puisqu'il s'intéresse à l'émetteur, d'interpréter les variations de perceptions liées à l'espace (diminution du son quand on s'éloigne de la source par exemple).

Mais dans ce cas comme dans d'autres (par exemple pour le fonctionnement du microphone, vu après dans la progression), le modèle de la vibration pour l'émission sonore semble être un passage obligé pour préciser la notion de vibration et les caractéristiques perceptives associées. Il conviendra alors d'étendre des traits pertinents de ce modèle à d'autres objets, tels que le milieu (qui d'une certaine façon vibre aussi), le microphone ou le tympan. Le modèle de la vibration possède donc une heuristique importante qu'il convient de ne pas laisser inexploitée.

Signalons enfin qu'une telle possibilité d'utilisation du phénomène ne résout pas la difficulté de visualisation des phénomènes vibratoires dont les fréquences sont dans le domaine auditif. Il n'est pas question ici de croire qu'on va pouvoir observer directement des mouvements vibratoires de plusieurs dizaines de Hertz (ce serait mettre en cause les limites de la vision humaine) et on pourra seulement, dans certains cas, les sentir par le contact. De plus, le modèle exprimé en texte ou par des représentations iconiques ne permet pas de rendre compte de la dynamique à partir de laquelle les notions de vibration et de fréquence prennent sens. La fonction qu'on attribue généralement au modèle de représentation "concrète" et perceptible de concepts abstraits (Bachelard, 1979) reste donc à imaginer, en particulier dans le cas de ces deux concepts. La simulation apparaîtra alors comme un moyen pratique de la faciliter. Le groupe SOC n'a pas proposé une telle simulation qui sera par contre exposée dans le dernier chapitre.