VII.3.3.2 Présentation aux élèves

L'intrusion d'une tierce personne dans la classe est toujours un moment particulier pour les élèves. La situation de classe est de suite différente, oscillant entre détente accrue et observation intriguée. Après avoir éventuellement présenté le chercheur à ses élèves, le professeur lui laissait généralement la charge de la présentation de la séance et du questionnaire.

Le questionnaire était présenté comme une introduction à la partie du programme sur les sons qui allait commencer juste après (généralement à la séance suivante), comme un moyen de se poser quelques questions et d'éveiller éventuellement sa curiosité. Les éléments suivants étaient systématiquement fournis aux élèves :

  • Le questionnaire est une enquête sur la façon dont les gens décrivent, interprètent les phénomènes sonores ou plus généralement tout ce qui concerne le son. A terme, ce genre d'enquête permet de mieux comprendre comment les gens apprennent la physique sur ce sujet.

  • Il n'y a pas de réponses vraies ou fausses, il ne sert à rien de chercher la bonne réponse. Les questions sont parfois volontairement floues. Même un physicien ne sait pas forcément répondre à certaines de ces questions. Ce qui compte, c'est l'avis de l'élève et en ce sens il faut voir le questionnaire comme un sondage. Les réponses doivent être les plus spontanées possibles ce qui n'empêche pas de prendre le temps nécessaire pour répondre.

  • Une conséquence est que le travail ne peut pas être noté et qu'il ne sert à rien de copier une réponse qui n'est pas la sienne sur la feuille de son voisin.

Ce dernier point est très important puisque l'évaluation semblait souvent être une inquiétude pour une assez grande partie des élèves dès l'instant où ils avaient compris qu'ils devaient remplir un questionnaire.

Sauf si l'enseignant s'y opposait (ce qui arrivait, mais rarement), le passage était anonyme. L'enseignant souhaitait dans la plupart des cas avoir une copie des productions des élèves (surtout avant enseignement), même anonyme. Quand ce n'était pas le cas, il était précisé aux élèves que leurs réponses seraient uniquement visibles par le chercheur.

Les élèves étaient prévenus du passage futur d'un questionnaire quasiment identique après enseignement28. Les consignes ci-dessus étaient rappelées lors du passage final.

A la fin du deuxième passage, nous rendions aux élèves une copie de leur première production. Ils pouvaient ainsi, s'ils le désiraient estimer eux-mêmes l'évolution de leurs réponses à des questions identiques.

Des consignes d'ordre matériel étaient ajoutées :

  • utiliser de l'encre non-effaçable, les ratures sont non seulement autorisées mais doivent être faites explicitement ;

  • répondre si possible à toutes les questions, dans l'ordre où elles sont présentées (interdiction de retour en arrière). Indiquer "je ne sais pas" plutôt que laisser un blanc ;

  • remplir les quelques renseignements en fin de questionnaire ;

  • notez sur la feuille chaque fois qu'un mot ou une question n'est pas compris(e).

Il n'est pas possible de vérifier systématiquement que toutes ces consignes ont été respectées (en particulier la consigne interdisant de revenir sur une question antérieure). Cependant, il semble que la grande majorité des élèves s'y soit conformée. C'est probablement la consigne en référence à la copie sur les voisins qui a été la moins bien respectée. La pratique scolaire induit une nécessité de répondre, quoi qu'il arrive. Le fait que l'exercice ne soit pas noté a pu diminuer la contrainte habituelle d'un travail personnel. Les classes où, malgré la surveillance, les échanges ont paru relativement nombreux n'ont pas été intégrées à l'échantillon étudié.

Le temps nécessaire pour répondre est extrêmement variable. Les plus rapides ont estimé avoir terminé après environ 25 minutes (dans ce cas, généralement, les réponses sont courtes et souvent absentes), les plus lents n'avaient pas tout à fait le temps de terminer dans l'heure. Le temps moyen se situe autour de 45-50 minutes.

Les questions posées en fin de questionnaire sur le jugement de difficulté du questionnaire permettent d'obtenir les indications regroupées dans le diagramme VII.3-1 :

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diagramme VII.3-1 : un questionnaire plutôt jugé assez difficile et une faible évolution

Nous voyons donc que le questionnaire est jugé assez difficile ou très difficile par les trois quarts des élèves environ (avant enseignement, 81% des non redoublant, et 71% des ‘redoublants cochent une de ces deux cases) et que ce pourcentage diminue assez peu. C'est là une confirmation du caractère non scolaire du questionnaire proposées (ou des situations qu'il propose).

Notons enfin quelques impressions exprimées par les élèves après le passage, qui nous paraissent assez révélatrices de la nature du questionnaire, sans prétendre pour autant à une valeur représentative : ‘"c'est bizarre", "les questions ne sont pas assez précises", "ça fait se poser des questions"’...

Notes
28.

Cette consigne aurait pu inviter les élèves voulant réaliser une performance à retenir leur première réponse ou les énoncés des questions. Il semble qu'aucun élève ne se soit livré à ce genre d'exercice (essentiellement par manque de temps d'ailleurs).