VIII.1.4.2 Présentation

La question E n'est posée qu'après enseignement. Elle nécessite en effet de considérer connu le fait qu'un son se déplace, ce dont nous n'étions pas sûr pour ce qui concerne les connaissances avant enseignement. Les résultats obtenus (en particulier la question C) nous ont en fait indiqué que même avant enseignement environ 80% des élèves sont capables de mettre en oeuvre cette connaissance. Comme une confirmation supplémentaire, des questions contextualisées comme les questions B (téléphone) et D (concert en plein air) nous indiquent que c'est une connaissance largement partagée avant enseignement. Ainsi, la question aurait pu être raisonnablement posée avant enseignement mais nous n'avions pas les moyens de le savoir, d'autant que les tests préalables à l'élaboration du questionnaire avaient mis en évidence quelques réponses indiquant une relative difficulté à admettre que le son se déplace. Par excès de prudence nous n'avons donc pas posé la question avant enseignement.

La question est ici de savoir si la vitesse du son est corrélée au caractère plus ou moins fort du son. Nous savons en effet (cf. chapitre III) que l'association "plus fort - plus vite" est une conception largement répandue avant tout enseignement sur le son et qu'elle perdure dans certains cas même après un enseignement sur le sujet. C'est une conception qu'il est possible de relier aux conceptions rencontrées en mécanique liant par exemple force d'un jet et vitesse de l'objet. Le transfert aux situations sonores conduit alors à affirmer que plus on crie fort, plus le son créé va vite.

Pour étudier l'existence de cette conception après enseignement, on propose à l'élève une situation qui n'est pas vraiment contextualisée, puisque le contexte d'émission du son n'est pas donné. La question est cependant formulée en termes d'objets et événements (son plus fort, on demande s'il va plus vite). On impose ici d'imaginer la perception en supposant qu'un son est émis plus fort qu'un autre. Comme nous l'avons déjà mentionné, ceci génère inévitablement un écart par rapport à la situation de perception réelle dans laquelle l'élève pourrait se trouver.

L'étude de cette question vise bien davantage que l'observation de la conception "plus fort, plus vite" puisque celle-ci ne pourra être repérée qu'avec une partie de la réponse seulement, celle qui concerne le choix multiple (oui, non, je ne sais pas).

La justification va pouvoir apporter bien d'autres renseignements. En particulier il est intéressant de savoir si la justification fait appel à des concepts de la physique ou uniquement à des situations concrètes. Le savoir à enseigner permet en effet de répondre à cette question en affirmant (et en l'illustrant éventuellement par une expérience de cours) que la vitesse de propagation ne dépend que du milieu de propagation, sans dépendre de l'amplitude du son, paramètre qui détermine le caractère plus ou moins fort du son. Il sera d'ailleurs intéressant d'observer si la connaissance première énoncée à ce sujet ("la vitesse ne dépend que du milieu") va être fournie comme telle ou bien utilisée pour argumenter vis-à-vis de la situation proposée, ce qui implique un processus cognitif plus complexe.

Quoi qu'il en soit, l'enseignement permet ici des raisonnements en termes de propriétés physiques et de concepts pour interpréter la situation.

Du point de vue de l'analyse des réponses en terme de cadre conceptuel, si le cadre conceptuel 2 peut naturellement être fortement attendu, on peut aussi penser que le l'aspect "source" va être utilisé. C'est même l'articulation entre ces deux aspects qui est nécessaire pour répondre complètement à la question. De plus, n'oublions pas que la caractéristique unique du son émis ("plus fort") est donnée via un descripteur perceptif. Ainsi, c'est l'aspect "perception", davantage que "cause-source", qui peut être mis en avant. Les liens vont-ils être faits entre source et vitesse ou entre perception et vitesse ?