VIII.1.5.3 Résultats essentiels

• Une faible proportion de non réponse
  Par rapport à d'autres questions, la population étudiée se prononce largement sur la question soulevée. Ils sont moins de 4% à ne pas savoir si la personne entend la même chose ou pas. Parmi ceux qui se sont prononcés (238 élèves), 5% ne donnent pas d'explication. Il semble donc que ce soit une question qui d'une part intéresse les élèves, d'autre part ne leur pose pas trop de problème. La familiarité de la situation proposée contribue probablement à cet état de fait. Ces forts taux de réponses sont comparables à ceux de la question B (téléphone).

• La personne n'entend pas la même chose
  Seule 13% de la population pensent que la personne entend toujours la même chose malgré le mur. Cette proportion est plus faible que pour la réponse "même son" correspondant dans la question B (33%). Comme on l'a dit auparavant, ceci peut en partie être expliqué par le fait que le vocable "la même chose" est moins restrictif que "le même son". N'oublions pas non plus que la situation n'est pas la même que celle de la question B (en particulier la cause de la différence perceptive est dans un cas la distance dans l'autre un nouvel élément matériel entre émetteur et récepteur).
  Il y a donc 83% des élèves qui pensent que la personne n'entend pas la même chose du fait de la présence du mur (diagramme VIII.1-14).

  

  diagramme VIII.1-14 : question F, résultat du choix multiple

• La description de la sensation perceptive comme justification
  Le quart des élèves (26%) se contente de décrire l'évolution de ce qui est entendu. Cette description fait foi de justification. Il n'y a de quoi s'étonner de ce relativement fort pourcentage, qui tranche avec ce que pourrait être le type de réponse fournie par la physique (qui ne se contenterait pas de la description des différences). La formulation invite ici à "justifier en disant ce qui change". Les élèves peuvent donc facilement se contenter de ce type de réponse sans éprouver le besoin de fournir des explications en terme de phénomènes ou d'événements. On verra plus loin la nature des descriptions faites.

• Le mur comme un obstacle
  Près de la moitié des élèves indiquent que le son (ou au moins une partie du son) ne passe pas soit parce que le mur se comporte comme un obstacle ou un isolant (31% du total), soit parce que le son rebondit contre le mur (12%), soit encore parce que le son est retenu ou absorbé par le mur (5%). La conception qui consiste à voir le son comme quelque chose qui est stoppé par des surfaces matérielles est donc largement répandue. L'émergence de ce point de vue est renforcée par le fait que le mur est grand. Nuançons tout de même en n'oubliant pas que certaines des réponses laissent penser que la qualité d'obstacle du mur n'implique pas obligatoirement un son complètement stoppé. L'obstacle peut parfois être franchi.
  Quoi qu'il en soit, le fait que le mur puisse être traversé par le son est extrêmement peu cité (2% des justifications, ce qui ne veut pas dire que seulement 2% pensent, sans le dire explicitement, que le mur peut être traversé). De même la mise en vibration du mur, phénomène pourtant à l'origine de l'essentiel des nuisances sonores domestiques, n'est pas envisagé.
  On note aussi qu'environ 12% évoquent ici l'écho, le rebond, le son qui butte, ricoche, se répercute, ce qui peut paraître assez élevé. Ce taux est à rapprocher de celui observé pour un point de vue similaire lors de la question C (15% utilisent cette idée pour justifier qu'un son se déplace).
  Nous obtenons bien ici une confirmation du fait que des attributs de la matière continuent à être attribués au son (cf. chapitre III), en particulier dans son interaction avec des éléments matériels.

• Ce qui arrive au son
  En dehors du trajet interrompu du son que nous venons de mentionner, nous observons aussi des justifications qui évoquent d'autres phénomènes hors de la source. Que le son traverse, contourne le mur, se répande, soit ralenti ou autre, ces justifications couvrent 16% des réponses. Seulement 6% (du total) évoquent par exemple un contournement du mur, pourtant relativement facilement envisageable en physique.
  Ainsi, si l'on regroupe ce type de réponse avec le précédent ("le son ne passe pas") on obtient 55% d'élèves se plaçant dans le cadre conceptuel 2, ne se contentant donc pas de décrire ce qui change, comme il était pourtant demandé.

• Importance négligeable de la source de son
  Trois élèves seulement évoquent la dépendance de la situation selon la source sonore. La prise en compte du son émis n'est pas considérée comme pertinente pour la situation fournie et les justifications fournies seraient donc relativement constante quelque soit la source.
  Le diagramme VIII.1-15 résume les différents résultats mentionnés ci-dessus :

  

  diagramme VIII.1-15 : question F, types de justifications

• Justification des élèves pensant que le personnage entend la même chose
  Sur les 32 élèves pensant que le personnage entend la même chose, 13 (40%) se contentent de décrire, 8 (un quart) affirment que le son contourne le mur, et 5 que le son rencontre un obstacle ou rebondit. La moitié de ces élèves précisent que le son perçu est cependant moins fort, ce qui confirme, même sur un échantillon plus petit, ce que nous avions déjà vu lors de l'étude de la question B (même ordre de grandeur pour la proportion d'élève rendant compatible "même son" et "moins fort") : entendre la même chose n'est pas incohérent, pour certains, avec un son mois fort.

• Description du changement
  Les catégories de description du changement sont quantifiées dans le diagramme VIII.1-16 ci-dessous.

diagramme VIII.1-16 : question F, description du changement

21% des élèves ne décrivent pas le changement de perception. Plus d'un quart (28%) indiquent que le son est moins fort ou plus faible et 12% vont dans le même sens en affirmant que l'on entend mieux (ou un son moins distinct, moins net...). Si on ajoute les mentions de son atténué (6%) et son étouffé, filtré, sourd... (4%), c'est au total 50% des élèves qui indiquent une diminution globale de perception. Nous percevons là un trait phénoménologique qui semble fort : un "obstacle" diminue la perception du son.

Les exemples suivants donnent une idée de la variété des réponses décrivant cette baisse de perception :

• L07311 ‘"Lorsqu'il y a une mur le bruit est plus sourd en quelque sorte étouffé"’

• L07327 ‘"le son ne parviendra pas de la même façon car il s'atténuera en traversant le mur"’

• L11119 ‘"le son est atténué parce que le mur fait barrière"’

• L10215 ‘"l'aboiement du chien sera étouffé par le mur"’

• L10223 ‘"le son lui parvient étouffé, car la vibration du son se heurte au mur"’

• L10233 ‘"le bruit est plus etoffé, voir inexistant"’

• L04115 ‘"le mur a amorti le son"’

• L07127 ‘"la personne entend un son atténué car le son doit contourner le mur"’

6% des élèves affirment que le son a disparu, pourcentage nettement inférieur à celui des explications consistant à dire que "le son ne passe pas". En effet d'une part, cette justification peut être donnée sans description du son (on ne dit pas que le son a disparu), d'autre part, ceci confirme que le mur peut être vu comme un obstacle franchissable.

7% (16 élèves) décrivent le changement en terme d'une propriété du son liée au niveau sonore (essentiellement intensité puisque 11 de ces 16 élèves l'utilisent, les autres parlant de puissance ou de volume). Ceci qui peut paraître relativement important avant enseignement dans la mesure où les redoublants ne sont pas significativement plus importants dans cette catégorie. Il est en tous les cas remarquable de constater que le terme intensité (mais aussi puissance et volume) peut être facilement utilisé avant enseignement, ce qui contribue à l'affirmation d'un partage de cette notion entre sens commun et physique. A l'inverse, le terme amplitude n'est ici jamais cité.

On retiendra surtout la diversité du vocabulaire utilisé pour décrire l'évolution de la sensation perceptive. Nous donnons ci-dessous quelques exemples, non représentatifs mais donnant une idée de la variété et de l'originalité des descriptions :

• L04108 ‘"l'aboiement du chien aura une autre résonance’"

• L07131 ‘"le son résonne à cause du mur"’

• L01117 ‘"elle entend un bruit lointain"’

• L10214 ‘"Lorsque le chien aboie, il y a la même puissance dans le son jusqu'à qu'il arrive au mur et comme le mur fait obstacle, le son va diminuer en faisant des échos"’

• L07324 ‘"le son est arrèté par le mur donc il m'est plus longtemps à arriver vers la personne"’

• L07325 ‘"le mur change la sonorité de l'aboiement’"

• L11104 ‘"le son s'adoucit car il est barré par le mur"’

• L11120 ‘"le son est voilé, la sonorité n'est plus la même’"

• L11130 ‘"le mur est un "isolant" il renvoit le bruit du côté du chien. Mais on peut quand même percevoir un bruit de fond"’

• L02331 ‘"si le mur est assez grand la personne entendra quelque chose mais il ne pourra pas dire ce que c'était"’