VIII.1.6.2 Présentation

Nous nous interrogeons ici sur les lieux d'existence possibles que les élèves attribuent aux sons. Cette question a donc à voir avec la nature du son pour les élèves. On étudie clairement ce qui est retenu par les élèves de la double facette du même terme son : sensation perceptive et phénomène physique (chapitre I).

Un point de vue anthropomorphique rend l'homme "créateur" du son qu'il perçoit dans la mesure où le son n'existerait que dans la perception auditive. Le son est alors réduit à son aspect perceptif. A ce stade on peut encore distinguer deux localisations possibles qu'on confond ici. Le son, réduit au stimulus sonore, peut exister dans l'oreille ou dans le cerveau, si le sujet a conscience du rôle central du cerveau concernant les sensations. Derrière ce point de vue on peut deviner une phénoménologie purement descriptive. Le son est, et il ne se déroule des phénomènes qu'à l'intérieur de la sphère corporelle, i.e. au delà du pavillon de l'oreille. Les sons (et tout ce qui les concerne) n'ont alors pas d'existence en dehors du corps. A ce point de vue correspond le cadre conceptuel 1.

Un point de vue que nous pourrions appeler "matérialiste" ne ferait exister le son que dans l'objet-source, lieu "de provenance" du son (ça ne veut pas dire qu'on pense pour autant que le son provient de là, mais juste que l'on voit que c'est à cet endroit qu'il s'est passé quelque chose en relation avec la perception sonore). Ce lieu n'est donc défini que comme l'endroit où on a pu voir un fait qu'on a mis en relation avec le son perçu. C'est ici la description du cadre conceptuel 3.

Enfin, la physique et le savoir à enseigner voient également le son sous l'angle d'une onde vibratoire, qui existe ainsi partout où l'onde peut exister (cadre conceptuel 2). Les "lieux du son" d'une part évoluent dans le temps, d'autre part dépendent fortement des milieux en présence. Potentiellement, toute matière, tout milieu peut être traversé(e) par un son.

Il est bien évident que ces différents points de vue ne s'excluent pas mutuellement et qu'on peut rencontrer des avis qui considèrent le son comme un objet physique interagissant avec l'oreille. La réponse "ça peut exister même s'il n'y a pas d'oreille" est compatible avec ce genre de point de vue relativement élaboré, mais on a volontairement laissé la possibilité de cocher une case "autre" pour laisser libre court à des opinions qui souhaiteraient se démarquer de la dialectique oreille / hors oreille. Le savoir à enseigner est d'ailleurs parfaitement compatible avec des points de vue qui refuseraient le choix oreille / hors oreille. En effet, si en cours de physique c'est davantage la création et la propagation qui sont étudiées, le savoir à enseigner s'intéresse également à ce qui se passe dans l'oreille.

On peut bien sûr s'attendre à une évolution après enseignement au profit d'une existence du son "objet physique", en dehors de toute oreille. C'est en effet cette facette-ci qui est largement étudiée par le savoir à enseigner. L'étude de l'oreille comme récepteur auditif ne fait que renforcer ce point de vue, dans la mesure où le tympan est présenté comme une membrane qui, "plongée" dans un son, est mise en vibration par ce son.

Il n'y a donc pas vraiment ici de cadre conceptuel induit mais c'est plutôt le cadre conceptuel prédominant qui est questionné. Les choix proposés tendent cependant à privilégier légèrement les cadres conceptuels 1 ("sensation perceptive") et 2 ("son hors source").