VIII.1.7.2 Présentation

Nous posons ici une même question pour quatre situations de créations sonores différentes : qu'est-ce qui fait qu'on entend un son quand on mène telle ou telle action ? Les quatre situations sont volontairement différentes. La première (cailloux) et la troisième (guitare) sont en partie inspirées de recherches antérieures (Mazens, 1999 ; Asoko et al.,1992). Ces recherches montrent en particulier que les mécanismes d'explication de la présence d'un son semblent fortement différents selon la situation, en particulier selon ce qui est accessible par la vue ou selon les comportements qu'on imagine possible : on voit ou on imagine plus facilement une corde de guitare vibrer qu'on ne voit ou imagine des cailloux vibrer.

Nous varions les situations pour pouvoir :

  • étudier les nuances induites par le l'utilisation inhabituelle de certains objets pour faire un son : frapper deux cailloux l'un contre l'autre n'a pas pour fonction habituelle de faire du bruit ou tout au moins il n'est pas courant de choisir ce type d'objet pour faire du bruit. A l'inverse agir sur le violon ou la guitare a forcément pour finalité de faire un son (si possible, même, harmonieux) ;

  • étudier les nuances induites par le changement d'instrument de musique : nous avons choisi un instrument pour lequel on pince et on peut voir l'effet sur la corde et un instrument pour lequel on frotte avec un effet difficilement visible au niveau de la corde ;

  • étudier les nuances induites par le changement de situations quotidiennes de création d 'un bruit, à savoir taper ou frotter. On a pris soin aussi de choisir des objets différents tant dans leur fonction, comme déjà dit, que dans leur forme et dans leur consistance.

Nous aurions pu, au risque d'alourdir la question, diversifier encore les situations en proposant par exemple un instrument à vent telle que la flûte à bec (pour laquelle il n'y a pas de vibration matérielle de la flûte). Nous avons cependant préféré nous en tenir à ces quatre situations.

Nous tentons, à l'aide de cette question, de connaître les mécanismes qui sont avancés par les élèves pour l'existence du son. Du point de vue de la physique, cette question serait à rapprocher de la question N ("Donnez une condition obligatoire pour faire un son") mais il n'est pas évident que les réponses fournies par les élèves aux deux questions possèdent des similarités importantes. En effet si la question N est formulée de façon à obtenir une réponse générale, hors de tout contexte, la question est ici formulée quatre fois pour quatre situations différentes. L'élève a donc toute la liberté de répondre ici en décrivant l'action menée ou le comportement des objets en jeu bien plus qu'en invoquant des phénomènes généraux qui ne seraient que contextualisés par les objets présents. La demande de réponse pour chacune de ces situations peut même être vue comme une invitation à diversifier les éléments de réponses. Quoi qu'il en soit, nous pouvons espérer observer s'il existe pour les élèves des phénomènes qui sont inhérents à la création sonore ou si c'est d'abord les propriétés des objets en jeu qui priment. Notons que ces deux points de vue ne s'excluent pas : on peut décrire pourquoi il peut y avoir un son quand on pince une corde de guitare soit en expliquant que c'est parce que la corde vibre et par suite la caisse de résonance soit en expliquant pourquoi cette corde peut vibrer (elle est tendue mais souple par exemple). Nous aurons avant tout une indication sur le niveau de réponse qui a été choisi par l'élève, sur ce qu'il a jugé être déterminant pour l'existence du son.

Nous pourrons surtout savoir si, face à des situations variés aux effets similaires (tout au moins de même nature), les élèves adoptent des explications très contingentes aux objets et aux actions menées, ou bien des cadres explicatifs communs à toutes les situations, inévitablement explicités, dans ces conditions, en termes plus conceptuels, voire plus scientifiques (cf. § VII.2.1).

Enfin, il sera intéressant d'observer dans quel cadre conceptuel se placent les élèves pour répondre à la question. Les situations étant variées au niveau des objets et des actions a priori responsables du son, c'est le cadre conceptuel 3 qui est nettement induit : l'attention est focalisée sur la cause matérielle du son, sur les objets identifiés comme les émetteurs. Ceci n'empêche pas, comme le ferait la physique, la mention d'autres conditions, concernant en particulier le milieu de propagation (plutôt cadre conceptuel 2). Nous observerons attentivement si ce cadre conceptuel est utilisé, seul, ou en plus du cadre conceptuel 1.