VIII.2.2 Types d'explications : explication contingente ou mécanismes explicatifs larges ?

Pour qu'elle soit contingente à la situation proposée, une explication doit être spécifique aux objets du monde que la situation met en scène. Il convient donc d'abord, pour distinguer des tendances au sujet du degré de généralité des systèmes explicatifs utilisés, de séparer les questions qui ont effectivement un contexte matériel des autres (voir par exemple le tableau VIII.2-1 précédent).

Commençons par ces questions "contextualisées". Les questions I (existence d'un son pour diverses situations) et L (ambulance) donnent lieu à des explications extrêmement contextuelles. Ceci est flagrant pour la question I puisque, au sein d'une même question les explications données pour l'existence du son sont très rarement communes aux quatre situations et peuvent même varier considérablement d'une situation à l'autre. Parmi ces quatre situations, certaines (essentiellement celle de la guitare et, dans une moindre mesure, celle du violon) favorisent d'ailleurs des explications d'ordre plus conceptuel et plus général, moins liées aux actions ou événements propres à la situation. Il semble en ce sens que les situations pour lesquelles il est possible d'observer visuellement quelque chose (ou de sentir par le toucher) favorisent cette tendance à la généralisation.

La question D donnent lieu à des interprétations relativement abstraites et de portée assez générale dans environ la moitié des cas (essentiellement en vertu d'une association entre la distance ou le chemin à parcourir et la perception plus faible du son, ou, pour les idées les plus globalisantes, en vertu de l'amortissement ou du rayonnement du son). La question B (téléphone) demandait d'abord une description puis une justification de la différence des deux sons perçus (dans la plupart des cas les sons sont jugés différents). Décrire cette différence pouvait donc suffire mais dans les cas d'essai d'explication, c'est également le schème "plus loin donc moins fort" qui est utilisé.

La question F (influence d'un mur sur le son) semble elle assez favorable à l'utilisation fréquente d'explications plus élaborées. Nous voyons deux raisons à cela :

Parmi les autres questions (sans contexte matériel), certaines demandaient explicitement un exemple concret, d'autres semblent favoriser le recours à des situations concrètes non demandées a priori (par exemple la question G sur le lieu d'existence du son), d'autres encore favorisent l'utilisation après enseignement de mécanismes explicatifs directement issus du savoir scolaire (questions N, Q, S et T). Il est ici plus difficile d'affirmer que les explications fournies sont contingentes à des situations matérielles qui n'existent pas pour ces questions. Cependant, le recours assez fréquent à des situations réelles pour répondre à ces questions est un indice supplémentaire de la "contingence" des réponses avant enseignement.

Finalement, si nous considérons l'ensemble des questions, les explications des élèves sont très adaptatives et il est très difficile de dégager des systèmes explicatifs globaux avant enseignement, si ce n'est que le son, dans son acception quotidienne, est d'abord ce qu'on entend. Cette diversité des explications possibles n'est pas forcément une difficulté pour l'enseignement. Même si elle doit être prise en compte, les processus d'enseignement peuvent s'appuyer de façon profitable sur cette diversité d'idées.

Après enseignement, le recours au milieu de propagation et au concept de vibration tendent à devenir pertinents, du point de vue des élèves, pour un plus grand nombre de situations.