VIII.2.4 Niveau de savoir adopté et passages d'un niveau à un autre

En écho à la problématique dégagée au paragraphe VII.2.3, nous tentons ici de dégager des tendances générales du point de vue des niveaux de savoirs utilisés par les élèves, avant enseignement.

Avant enseignement, nous pouvons dire de façon générale que les questions qui mettent en scène un contexte matériel et/ou une situation quotidienne sont assez peu propices à l'utilisation de concepts scientifiques ou abstraits. La description des actions, des événements, des perceptions auditives prédomine largement dans les réponses des élèves. C'est le cas pour les questions B, D et F où la description des sons (même lorsqu'elle n'est pas demandée) occupe une place très importante. Pour ces trois questions, la description des sons perçus se fait bien davantage par des descripteurs perceptifs que par l'usage de propriétés du son (cf. § VII.2.3). Cette tendance est également observable via le niveau de langage utilisé : par exemple, avant enseignement (mais c'est aussi le cas après), les réponses à la question S, pour décrire une augmentation de la fréquence de la vibration, utilisent quasi-exclusiment les termes rapidité et vitesse. Notons que ce n'est pas parce qu'une situation semble favoriser (par rapport aux autres) l'usage de mécanismes explicatifs relativement généraux (question F en particulier) que le niveau de savoir utilisé est plus "conceptuel" : les explications se font là aussi essentiellement en termes quotidiens.

Le recours aux objets et événements est également constaté pour les questions I et N concernant les conditions de présence d'un son. Nous avons vu à quel point, dans la question I, les explications restent contextualisées à la situation. Ceci peut s'expliquer par le fait que ce sont effectivement des situations concrètes qui sont proposées, le coût cognitif pour expliquer l'existence d'un son est alors probablement moins important lorsqu'on extrait un élément qui semble pertinent dans la situation. Par contre ceci est plus surprenant pour la question N qui était formulée en termes généraux, sans aucun contexte précis. Pourtant, pour cette question aussi nous obtenons, avant enseignement, énormément de conditions actancielles (taper, faire un choc) ou matérielles (avoir deux objets ou un émetteur particulier). Nous avons vu également que la proposition d'un exemple pour illustrer que le son se propage (question E) ne pose pas de problème. Il semble ainsi relativement facile pour les élèves de passer d'un problème très général à une situation particulière choisie dans le monde des objets et des événements alors que la démarche inverse semble beaucoup plus difficile : les situations quotidiennes et matérielles ne semblent pas propices à l'utilisation spontanée de concepts scientifiques, ou tout au moins généralisant.

Nous allons voir que ce point connaît des modifications importantes au cours de l'enseignement.