IX.4.1.2 Recherche des sèmes

Les résultats obtenus lorsqu'on demande aux élèves de noter les usages du mot volume sont regroupés dans le tableau IX.4-1. Nous avons mentionné (nous le ferons à chaque fois) la moyenne des notes attribuées (sur 10), l'écart-type pour donner une idée de la dispersion et le nombre de réponses obtenues pour chaque item de la question.

Tableau IX.4-1 : recherche de sèmes pour volume
Propriété Moyenne Écart-type N
1 'Tout objet a un volume plus ou moins grand' 7.0 2.9 258
2 'Tout son a un volume plus ou moins grand' 4.5 3.4 259
3 'Tout son a un volume plus ou moins grave' 4.1 3.6 255
4 'Tout volume d'un son peut se mesurer' 5.6 3.3 253
5 'Tout son a un volume plus ou moins fort' 7.0 3.0 253
6 'On peut régler le volume du son émis par la télévision' 8.6 2.4 256
7 'Tout volume d'un objet peut se mesurer' 7.0 3.2 258
8 'Le volume d'une voix donnée peut changer' 4.1 3.3 258
9 'Un son de grand volume prend de la place' 1.2 2.0 259
10 'On peut régler le volume de la télévision' 6.6 4.0 254
11 'Le volume d'un son c'est l'intensité sonore' 7.0 3.1 250
12 'Le volume est indépendant de l'instrument de musique qu'on utilise' 3.5 3.3 245

Notons d'abord que les interférences entre contexte spatial (privilégié) et contexte sonore semblent faibles.

Nous constatons la confirmation de l'importance du sème spatial (items 1 et 12 relativement bien notés). Nous aurions cependant pu nous attendre à un résultat encore supérieur pour le premier item relativement peu restrictif.

La confusion volontairement métaphorique de l'item 9 entre volume spatial et volume sonore est rejetée. Les élèves expriment ainsi la conscience qu'ils ont de la polysémie et des contextes d'usage variés qu'il n'est pas possible de confondre.

Les caractères quantifiable et mesurable sont bien mieux acceptés dans le cas spatial que dans le cas sonore (items 1 et 7 à comparer aux items 2 et 4). Si le volume du son n'est pas jugé comme pouvant être grand (item 2), il peut par contre être fort (item 5). Nous avons donc ici un effet lexical fort de l'adjectif utilisé : ce qui peut être dit d'un son peut l'être du volume du son.

Globalement, les items faisant intervenir un son reçoivent des notes très contrastées.

Les items 6 et 10 doivent être comparés. Si la syntaxe et la rigueur, mais peut-être aussi la familiarité de la situation de "on peut régler le volume de la télévision" permettent une très bonne note, la métonymie de l'item 10 est beaucoup moins bien jugée. L'écart-type laisse penser que les réponses se répartissent selon des points de vue bien différents : il y aurait ceux qui acceptent une telle métonymie (par son aspect courant), et ceux qui perçoivent le décalage avec l'item 6 et sanctionnent alors ce qu'ils estiment être un manque de rigueur. Le volume peut également être pris au sens spatial (l'élève voit là un piège) et la télévision n'ayant évidemment pas un encombrement réglable, la note est très faible.

Enfin, malgré des syntaxes très différentes ces deux items 8 et 12 permettent de conclure que le volume sonore est attaché très fortement à l'émetteur sonore (respectivement voix et instrument) ce qui pourrait être résumé par l'expression "à chaque émetteur son volume". C'est là une différence fondamentale avec ce qui est le correspondant du volume sonore dans le savoir à enseigner, i.e. le niveau acoustique. Cette dépendance forte entre volume et émetteur, si elle est étendue au niveau acoustique et au caractère plus ou moins fort (l'item 11 indique que cette extension semble facile), risque de poser d'importants problèmes pour l'apprentissage.

Pour résumer nous pouvons dire que, hors de tout contexte social précis, c'est plutôt le volume spatial, voir géométrique dont l'usage est pertinent pour les élèves. Dans tous les cas, et malgré des variations, le volume est une entité variable et quantifiable sur laquelle on peut parfois agir (cas sonore).