IX.4.4.1 Spécificité d'usage et polysémie

Même si les structures syntaxiques envisageables avec vibrer ne sont pas d'une grande diversité (le verbe semble monovalent, puisque les constructions sont du type une entité vibre), l'utilisation d'adverbes, la variation des actants et les usages figurés permettent de repérer les usages spécifiques (et les traits sémantiques).

Les phrases de l'évocation de contextes sont les suivantes :

  1. 1. Pour qu'on puisse entendre une guitare il faut qu'une de ses cordes vibre.

  2. 2. Je vibre à l'idée d'aller à cette réception .

  3. 3. Cette maison est tellement vieille que le sol vibre lorsqu'on marche dessus.

  4. 4. Pour évaluer la rapidité avec laquelle un objet vibre, on mesure sa fréquence de vibration.

Les résultats sont regroupés dans le diagramme IX.4-4.

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diagramme IX.4-4 : spécificité d'usage de vibre

L'usage figuré, mettant en scène un actant humain (phrase n°2), ne semble pas caractéristique.

Par contre le verbe est perçu très adapté pour décrire le mouvement de la corde de guitare (phrase n°1). Nous avons déjà vu que la vibration de la corde de guitare est assez facilement évoquée avant enseignement pour invoquer la cause de création du son de la guitare (cf. résultat à la question I, § VIII.1.7). Le mouvement de la corde est même décrit ainsi par des enfants très jeunes (voir en particulier Mazens (1999)). Les raisons tiennent essentiellement au fait que c'est généralement une situation qui a été observée, et pour laquelle la vibration de la corde est en partie visible et en tous les cas perceptible par le toucher. Par contre, un autre objet matériel tel que le sol (phrase n°3) ne semble pas avoir les caractéristiques requises pour pouvoir vibrer, ou bien est-ce le mouvement du sol qui n'a pas les caractéristiques requises. Soit l'objet est jugé trop grand ou massif, soit le mouvement est trop lent ou pas assez perceptible. Ceci peut évidemment avoir des conséquences importantes sur la perception a priori des objets capables d'émettre un son (les objets trop massifs, même frappés, ne pourraient pas vibrer) ou des mécanismes d'émission sonore ("un objet massif frappé émet un son mais il ne peut pas vibrer", il pourrait donc y avoir son sans vibration).

Enfin, l'usage scientifique (phrase n°4), dans lequel le terme est associé à fréquence, est jugé spécifique par plus de 44% des élèves (autant que pour la phrase n°1). Il est possible que l'effet de proximité chronologique des questions sur fréquence (mot précédent dans le questionnaire) joue ici un rôle important qui tend à augmenter ce pourcentage.

Il semble finalement que les avis soient ici partagés entre une spécificité qui relève plutôt de la notion (guitare) et une autre qui relève du concept (fréquence de la vibration).