IX.4.7.2 Recherche de sèmes

Les phrases proposées ayant des structures syntaxiques variées, elles ne sous-tendent pas forcément une propriété du verbe résonner (on pourrait davantage parler de propriétés pour le substantif). Nous avons donc demandé de noter le degré de vérité des phrases. Les résultats sont regroupés dans le tableau IX.4-9.

Tableau IX.4-9 : degré de vérité des phrases utilisant résonner
	Propriété	Moyenne	Écart-type	N
1	'Quelque chose peut se mettre à résonner tout seul.'	2.0	2.7	241
2	'Seuls un bruit ou un son peuvent résonner.'	6.9	3.4	240
3	'Ça nécessite un grand espace.'	4.3	3.5	236
4	'Un objet peut résonner.'	5.6	3.6	239
5	'Un bruit a plus de chance de résonner qu'un son.'	3.8	3.2	234
6	'On peut forcer un son à résonner.'	5.3	3.5	236
7	'Un son résonne plus ou moins fortement.'	7.5	2.6	234
8	'Quelque chose peut résonner dans ma tête.'	6.7	3.2	233
9	'Il faut un grand espace pour que quelque chose résonne.'	4.2	3.4	226
10	'Résonner, c'est une propriété qu'un son possède ou pas.'	3.4	3.3	230
11	'Un son peut résonner à l'intérieur d'un objet.'	6.5	3.1	230
12	'Un son résonne plus ou moins longtemps.'	8.2	2.2	235

Nous pouvons dégager les points suivants :

Les actants possibles : nous retrouvons ici la prédominance des sons comme actants pour le verbe résonner. L'item 2 (seul un bruit ou son peuvent résonner) est mieux noté que l'item 4 pour un objet. Par contre il n'est pas fait de différence très significative à ce sujet entre bruit et son (item 5).
Les conditions pour résonner : l'item 1 indique clairement la nécessité d'un agent causal, confirmée par l'item 6 dont la note médiane laisse la possibilité d'un agent causal pour obliger un son à résonner. Il est relativement surprenant de constater que les notes des phrases 3 et 9 sur la nécessité d'un grand espace n'atteignent même pas la moyenne. Ces situations sont pourtant courantes mais cela indique que les élèves ont rencontré des conditions de résonance dans des situations où cette condition n'était pas remplie.
Les caractéristiques de l'action de résonner pour un son : la durée (item 12) et le caractère plus ou moins fort (item 7) semblent être pertinents pour décrire la résonance d'un son. Là encore, l'expérience des élèves semble riche. Par contre l'item 10 et sa faible note semble indiquer qu'un son peut se mettre à résonner ou cesser de le faire. La résonance d'un son n'est pas une propriété qui lui est inhérente.
Les lieux possibles de la résonance : la résonance "dans la tête" (item 8) est assez bien acceptée comme si le son continuait à résonner mentalement. Ce qui résonne dans la tête peut également être indéfini ("ça résonne dans ma tête"), possibilité qui était envisagée par l'emploi du sujet "quelque chose" dans cet item. Enfin, la résonance dans un objet, compatible avec le concept physique et dont l'intérêt historique pour l'acoustique est considérable (résonateurs d'Helmholtz) est assez bien noté. Ce dernier point peut donc constituer un point d'appui pour une introduction du concept de résonance dans l'enseignement élémentaire d'acoustique.

Globalement nous constatons une richesse relativement importante de la connaissance phénoménologique de la résonance sonore. Les élèves semblent avoir des idées assez bien marquées et cohérentes qui permettent de dégager des tendances importantes. Ces tendances ne semblent pas incompatibles avec le peu que pourrait dire à ce propos un enseignement élémentaire d'acoustique. Par contre, comme ces tendances sont très liées au sens commun, le décalage avec le concept de résonance transversal à différents domaines de la physique pourrait être très important. Il semble important que le concept de résonance en physique soit introduit en explicitant les liens, parfois complexes, avec la résonance sonore "quotidienne".