Nous avons vu que l'écart entre ce qui est implémenté et ce qui est présenté à l'élève comme modèle "animé" par la simulation nous a fait mettre en question la nature effective du logiciel que nous proposons. Du point de vue de Beaufils et al (1987b), notre logiciel tend davantage vers la représentation de résultats que vers la simulation puisqu'ils estiment, en référence à la pratique du physicien, que pour qu'il y ait simulation, il faut que l'élève connaisse la façon dont est implémenté le modèle, ce qui n'est pas le cas pour simulaSON.
Sans négliger cette particularité de simulaSON, nous continuons cependant à considérer que notre logiciel propose des simulations. Les objectifs et actions permises par simulaSON sont en effet en accord avec ce que Grémy (1985), par exemple, dit de la simulation : c'est pour lui une procédure de recherche scientifique qui consiste à réaliser une reproduction artificielle (le modèle) du phénomène que l'on désire étudier, à observer le comportement de cette reproduction lorsque l'on fait varier les actions que l'on peut exercer sur celle-ci, et à en induire ce qui se passerait dans la réalité sous l'influence d'actions analogues.
Cette dernière phase de retour au monde des objets et des événements est loin d'être la plus facile et il faut y porter une attention particulière (voir plus loin).
Nous estimons également que simulaSON permet de mener les trois activités citées par Grémy, l'aide à la recherche, la prévision et la familiarisation avec la réalité, mais également l'exploration, l'application et la manipulation des modèles, citées par Martinand (1987, p.42).
Blanchet (1987) définit la simulation comme une manière de représenter un modèle dans un univers symbolique, ce qui correspond parfaitement à simulaSON. Toutes ces caractéristiques nous permettent de penser raisonnablement que nous proposons un logiciel de simulation. Nous pouvons même préciser le type de simulation en jeu. Beaufils et al. (1987a, 1987b) distinguent les logiciels qui simulent un appareillage de ceux qui simulent un phénomène. SimulaSON appartient bien évidemment à la deuxième catégorie. La façon dont ils caractérisent ce type de logiciel nous paraît être un bon résumer du principe de fonctionnement de simulaSON :
‘"Dans ce cas le logiciel fait référence à un modèle mathématique d'un phénomène physique. Le noyau du logiciel est alors constitué de la procédure qui exécute les calculs, et l'interactivité se situe au moment de la donnée des valeurs de ce que nous appellerons dans la suite "variables de choix du logiciel", c'est-à-dire des variables d'entrées et/ou les paramètres du modèle" (Beaufils et al., 1987a, p.324).’Ces auteurs précisent également que ‘"ce type de simulation comportementale47 ne prend en fait tout son sens que si les équations sont trop complexes pour qu'une solution analytique soit accessible aux élèves"’, ce qui est également le cas ici, même si les équations ne sont ici même pas connues des élèves.
c'est nous qui soulignons.